[ Article offert] Attendu courant mai à Abidjan après son acquittement définitif prononcé en appel, fin mars, par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo va-t-il entériner la scission du Front populaire ivoirien (FPI) ou, au contraire, être l’élément catalyseur d’une normalisation entre mouvances dissidentes ?
Pour l’heure, les deux courants nés pendant son emprisonnement à La Haye, à savoir celui de Pascal Affi Nguessan, actuel président du FPI, et celui incarné par les «faucons» de Laurent Gbagbo, qui voient dans ce dernier la seule personnalité légitime à ce poste, semblent toujours aussi difficilement réconciliables. Conforté à la tête du parti par une décision de justice, en avril 2015, l’ex-premier ministre voit toujours son statut contesté par une frange mobilisée derrière l’actuel secrétaire général, Assoa Adou.
Or Pascal Affi Nguessan entend défendre sa fonction arrachée de haute lutte y compris par son arrestation au lendemain de la présidentielle, en octobre dernier. S’il entend abandonner la tête du FPI au profit de son fondateur historique, cela devra se faire conformément aux statuts internes. Le début de rapprochement impulsé en ce sens avec Laurent Gbagbo à Bruxelles, début 2020, afin de mettre la formation en ordre de marche, n’a pas abouti. «Les personnes à qui Gbagbo a demandé de négocier sur plusieurs points, notamment la désignation du candidat FPI à la présidentielle et la conduite à tenir pour les législatives ne sont pas allées jusqu’au bout du processus », explique Pascal Affi Nguessan, contacté par Financial Afrik.
Si l’ancien chef de l’Etat devait revendiquer la présidence de la formation qu’il a créée en dissidence dans les années 1970, cette initiative devrait, en outre, obtenir l’adhésion des militants par un vote. «Statutairement Laurent Gbagbo n’est pas fondé à demander à diriger le parti. Il n’y a absolument rien d’acter. Et si quelque chose doit l’être, ce sera dans l’unité et la concertation avec toutes les instances du parti », renchérit Pascal Affi Nguessan.
Le retour du prédécesseur d’Alassane Ouattara devrait donc donner rapidement lieu à l’organisation d’un congrès extraordinaire du FPI qui puisse permettre de désigner un représentant non contestable et déboucher sur un nouvel organigramme. Dans ce cadre Assoa Adou et Pascal Affi Nguessan sont-ils prêts à enterrer la hache de guerre ? « Nous sommes dans la politique. Il faut que tout le monde soit associé à des discussions si l’on veut l’unité. Soit nous effectuons ce travail et ce rapprochement avec des aménagements, soit la situation se compliquera », conclut l’ancien chef de gouvernement.