[Article Offert] Alors que les visites d’Emmanuel Macron en Angola et en Afrique du Sud sont, pour l’heure, reportées sine die en raison de la pandémie de Covid-19, le déplacement que le chef de l’Etat français a promis d’effectuer au Rwanda devrait être organisé dans les prochaines semaines. « Une visite est projetée courant mai, mais il y a encore de nombreux aléas », explique une source élyséenne à Financial Afrik. A supposer que cette date soit respectée, ce séjour marquera une nouvelle étape dans le réchauffement de la relation bilatérale.
Au lendemain du génocide de 1994, ce lien avait été particulièrement tendu et même accompagné d’une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays à la suite des conclusions du juge français, Jean-Louis Bruguière, qui dans un rapport sur les circonstances du crash du Falcon dans lequel le président Juvenal Habyarimana a trouvé la mort le 6 avril 1994, sur l’aéroport de Kigali, avait pointé la responsabilité de l’Armée patriotique rwandaise (APR) de Paul Kagamé.
Cet événement fut l’élément déclencheur du génocide dans lequel un million de tutsi et hutu dits « démocrates » ont péri. Depuis, cette thèse a été battue en brèche, en particulier par le juge Marc Trévidic, successeur de Bruguière chargé d’enquêter à son tour à partir de la plainte déposée par la veuve du pilote français de l’avion de l’ex-chef de l’Etat rwandais.
En février 2010, Nicolas Sarkozy avait, sur insistance de son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, saisi l’occasion d’un déplacement à Kigali – le premier depuis le drame – pour évoquer «de graves erreurs d’appréciation» de la France durant cette période tragique, notamment dans les mois ayant précédé la tuerie de masse. Toutefois, il n’avait pas formulé d’excuses.
Remis le 26 mars au président Emmanuel Macron, le rapport de la commission d’historiens emmenée par Vincent Duclert sur le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994 conforte l’aveuglement de Paris ainsi que les dérives et, finalement, la complète faillite de sa politique. Le 7 avril, l’historien a remis ses conclusions à Paul Kagamé en personne dans la capitale rwandaise. Ce dernier a salué ces travaux estimant qu’ils marquaient «un pas important vers une compréhension commune de ce qui s’est passé». La visite d’Emmanuel Macron, qui intervient après de nombreuses autres initiatives d’aplanissement telles la nomination, en 2018, de la Rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), devrait logiquement conforter ce contexte, lequel pourrait se traduire par la nomination officielle d’un ambassadeur dans chacun des deux pays.