Après une série de sanctions prises par l’administration Biden en rapport avec les accusations d’ingérence russe lors de l’élection présidentielle américaine de 2020, d’espionnage et de cyberattaques, Moscou qui avait promis de riposter a dévoilé à son tour le vendredi 16 avril, une série de mesures de rétorsion contre les États-unis. Washington avait notamment annoncé l’expulsion de dix diplomates russes, des sanctions contre plusieurs personnalités et organisations russes ainsi que l’interdiction faite par le Trésor américain aux banques américaines d’acheter directement de la dette souveraine émise par la Russie après le 14 juin 2021. L’objectif des États-unis étant de refroidir l’ardeur des institutions bancaires internationales dans le but d’affecter l’économie russe.
Moscou ne semble visiblement pas inquiéte des mesures concernant spécifiquement l’interdiction d’achat d’obligations émises par la Russie, rassurant sur sa capacité à contrebalancer et annihiler les effets des sanctions économiques grâce à ses propres instruments de stabilisation. Le ministère russe des finances estime que 80 % des bons du trésor qu’il émet sont détenus par des investisseurs nationaux. Les milieux financiers russes considèrent pour leur part que cette mesure n’aura pas de conséquences notables et n’affectera pas l’économie de la Russie, ni son programme d’emprunt. Moscou considère d’ailleurs que cette mesure prive de profits les institutions bancaires américaines et que par conséquent, ces sanctions se retournent forcément contre elles.
La réplique du berger à la bergère
En rétorsion, Moscou a annoncé des sanctions proportionnelles à celles des Américains. Notamment l’expulsion à son tour de dix diplomates américains et imposé des restrictions aux organisations américaines avec parfois des interdictions d’exercer pour certaines ONG. Les Russes ont également comme les Américains sanctionné des hauts responsables américains notamment des membres de l’administration Biden. En l’occurrence, le ministre de la justice, Merrick Garland, celui de la sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, la conseillère en politique intérieure, Susan Rice, le patron du FBI, Christopher Wray, la directrice du renseignement national américain, Avril Haines, une tête d’affiche du renseignement américain qui supervise et coordonne les activités de la CIA, de la NSA et de 15 autres agences de renseignement et qui, avant sa nomination à ce poste par Joe Biden, était jusque-là numéro 2 de la CIA. Des mesures qui ont fait grincer des dents du côté de Washington. Ces personnalités américaines de premier rang ainsi que d’autres sont pour le moment interdites de séjourner en Russie. Après avoir rappelé son ambassadeur en poste aux États-unis, Anatoly Antonov pour consultation à la mi-mars, les autorités russes ont recommandé à l’ambassadeur américain à Moscou, John Sullivan de rentrer à Washington pour « consultations approfondies et sérieuses ».
Les relations entre Washington et Moscou sont au plus bas depuis la récente interview du président américain Joe Biden dans laquelle il a qualifié Vladimir Poutine de « tueur ». Se renvoyant coup pour coup, soufflant tantôt le chaud, tantôt le froid, les deux hommes espèrent malgré leur opposition parvenir à une désescalade à travers un sommet Biden-Poutine en territoire neutre dont le principe est entériné par les deux camps pour aplanir les divergences et normaliser les relations entre les deux puissances.
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