Idriss Deby Itno disparu et le pouvoir tchadien fragilisé, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) entend profiter de cette «fenêtre d’opportunité» pour poursuivre son offensive sur N’Djamena.
Le chef de cette rébellion tout droit venue de Libye, Mahamat Mahadi Ali, entend reprendre sa percée et s’emparer de la capitale dans les prochains jours. Un objectif d’autant plus assumé que ce dernier rejette catégoriquement le Conseil militaire de transition (CMT) qui a pris le pouvoir, le 20 avril, après l’annonce de la mort du chef de l’Etat ayant régné plus de trente ans sur le pays.
Qui est exactement le Fact ? Quelles sont ses revendications ? Comme la plupart des mouvements rebelles source de violentes incursions dans le pays ces dernières années, à l’image de l’Union des forces de la résistance (UFR) de Timan Erdimi, cousin d’Idriss Deby Itno en rupture de ban, ce mouvement entend faire tomber le régime central de N’Djaména jugé clanique, liberticide et antidémocratique. Le combat et les causes que le Fact entend défendre trouvent leur ressort dans le parcours et la biographie de son leader.
Né en 1964 à N’Djaména, Mahamat Mahadi Ali voue à Idriss Deby Itno et à son régime une haine tenace depuis l’assassinat, au Nigéria, de plusieurs membres de sa famille exilés dans ce pays au début des années 1990. Meurtres mis sur le compte du président mort le 20 avril. D’ethnie Gorane comme le président HissèneHabré, renversé en décembre 1990 par Idriss Deby Itnoavec le soutien de la France, Mahamat Mahadi Ali se trouvait alors à Reims, en France, où un de ses parents l’avait envoyé pour suivre ses études post-baccalauréat. Il a notamment suivi un cursus universitaire de de droit et de science politiques. Dans la même ville, il a rencontré sa femme avec laquelle il a eu cinq enfants.
Son hostilité au régime Deby convainc celui qui a toujours refusé la nationalité française, par fidélité à son pays natal, d’entrer en opposition. Dans un premier temps celle-ci se borne à être politique. Encarté au Parti socialiste français, il milite parallèlement dans l’Hexagone pour le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) fondé, en 1998, par l’ancien ministre de l’Intérieur, Youssouf Togoïmi. Opposant à Idriss Deby, ce dernier a fédéré l’opposition et a signé des accords de paix en 2005. Ceux-ci ont permis à Mahamat Mahadi Ali de retourner au pays et d’intégrer le ministère de l’infrastructure. La rébellion de 2008 rebat les cartes et le convainc de s’allier à un mouvement armé. Il rejoint Mahamat Nouri, chef historique de la rébellion tchadienne, qu’il l’envoie en 2015 en Libye pour restructurer la rébellion. Un différend entre les deux hommes poussent Mahamat Mahadi Ali a créé son propre groupe – le Fact – en 2016. Fort de 1500 hommes, ce mouvement armé en Libye affiche sa proximité avec Khalifa Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale libyenne depuis 2015.