Paru quelques jours après l’ouvrage apocryphe de Vincent Hugeux intitulé “Tyrans d’Afrique”, le livre signé de Antoine Glaser et de Pascal Airaut”, intitulé “le Piège africain de Emmanuel Macron” (Fayard), dresse le portrait d’un jeune président “volontaire, déterminé, sagace, mais parfois aussi brutal dans ses propos…. “ L’ancien patron de “Lettre du Continent”, un spécialiste de l’Afrique , et l’ancien journaliste ivoiriste de jeune Afrique du temps de la toute puissance de Laurent Gbagbo, passé depuis chez l’Opinion, dressent le portrait du jeune président français dans une Afrique complexe, redevenue “geostragétique”.
Disons-le tout de suite, le portrait de Emmanuel Macron a le mérite de confronter d’une part, une vision française de l’Afrique, toujours chargée, à des « réalités sociopolitiques locales » complexes. De l’imprécateur de la Françafrique qui s’offrait une scène irréaliste devant les étudiants burkinabés le 28 novembre 2017 à celui qui vient d’assister aux obsèques du président Idriss Deby du Tchad, le chemin est tortueux.
Entre le candidat qui promettait de retirer les 4 500 soldats de Barkhane du Mali et le président qui consent à restituer les oeuvres culturelles volées, en passant par celui qui avouait à haute voix, en réponse à un activiste, “j’ai mis la pression sur Biya”, il y a plusieurs postures. Des coups de colère, des incompréhensions et des fâcheries dans un continent bastion du droit d’aînesse et peu adepte du langage brut de coffrage, marque fabrique du locataire actuel de l’Elysée. La convocation, maladroite, des chefs d’Etat du G5 à Pau qui se voient reprochés leur sentiment anti-français n’a pas amélioré l’image du président français, otage d’un passé colonial qui ne passe toujours pas. Du montage, ornemental, du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), à la rencontre des hommes d’affaires, penseurs et influenceurs, en passant par ce que les auteurs appellent les “députés missionnaires”, tout y passe dans les initiatives concoctées par l’Elysée dans l’optique de renouveler les rapports France-Afrique et Afrique-France.
L’ex employé de Rothschild qui n’a pas la précaution oratoire de Mitterrand (l’auteur du discours de la Baule ne menacerait jamais de travailler avec les sociétés civiles là où il n y a pas de démocratie), ni la boutade heureuse de Jacques Chirac, constate partout la même réalité d’un sentiment anti-français en vogue en Afrique francophone, ce pré-carré dont il essaie d’interrompre le pesant tête-à-tête avec la France par des échappées en Afrique anglophone et lusophone. Sans grand succès pour le moment. Tout compte fait, c’est d’un Emmanuel Macron volontariste mais pris entre deux feux, celui des activistes de la diaspora et ceux des militants « droits de l’hommiste africains » dont il s’agit dans ce livre. Un essai résolument journalistique, riche en anecdotes et en renvois sur une relation française avec des pays africains à analyser au delà de la “blessure narcissique” et du “dépit amoureux” rappelés par les auteurs. A lire.