Au Tchad, les autorités de la transition ont adressé un courrier à la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), le 4 mai dernier, leur informant de la suspension du directeur national de l’institution. La notification a été envoyée presque au même moment où la Banque Africaine de Development (BAD) annonçait la suspension de ses opérations pour le Tchad jusqu’à nouvel ordre.
Ainsi, Anouar Mahamat Hassan, directeur national pour la BEAC, a été aussitôt suspendu suite à la requête formulée par le ministre Tchadien de l’Economie et des Finances, Tahir Hamid Ngulin, qui dit agir «conformément aux textes ».
Le retrait brutal du mandat de Anouar Mahamat Hassan, frère de Moussa Faki Mahamat, actuel président de la Commission de l’Union Africaine, diplomate jugé peu favorable au Conseil militaire de la transition (CMT), alimente les rumeurs. S’agit-il d’un coup de semonce envoyé à Moussa Faki Mahamat lequel a pourtant réussi le tour de force d’obtenir de l’Union Africaine, non pas une condamnation de N’Djamena comme ce fut le cas hier pour Bamako mais l’envoi d’une enquête sur le terrain pour déterminer si la prise du pouvoir du CMT est ou non un putsch ?
D’autres sources démentent tout lien entre cette suspension et la position du président de la Commission de l’Union Africaine, l’un des premiers diplomates tchadiens de rang à avoir obtenu un tete à tête avec le chef de la junte. «C’est plutôt des relations entre le Tchad et la Banque Centrale dont il s’agirait», opine une source non autorisée.
Pour rappel, la BEAC est elle-même dirigée par un tchadien, Abbas Mahamat Tolli, un cadre du clan «Deby» disposant d’une marge de manœuvre étroite vis-à-vis de la junte au pouvoir.
Dirigé depuis le 21 avril par Mahamat Idriss Déby, 37 ans, le Conseil Militaire de la Transition (CMT) a reçu des allégeances de l’ensemble des représentants du pays dans les institutions internationales.