Par Michael Tchokpodo
Véritable locomotive économique régionale, la Côte d’Ivoire bénéficie depuis dix ans d’une croissance exceptionnelle, mais encore trop peu inclusive. Pour transformer en profondeur la société ivoirienne et lutter contre la pauvreté, l’éducation doit être au centre des réformes : meilleur accès aux zones rurales, gratuité de l’éducation jusqu’à 16 ans, construction d’écoles, formation de milliers d’enseignants supplémentaires… Les actions se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, qui a fait de l’éducation la priorité de son nouveau mandat.
Rien ne sert de croître si cette croissance n’est pas inclusive : voici, en quelques mots inspirés de la fable de La Fontaine, en quoi tient le défi que doit relever la Côte d’Ivoire au cours des prochaines années. Surnommé « la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest », le pays, présidé depuis 2011 par Alassane Ouattara, affiche en effet une croissance insolente, comprise en moyenne entre 7% et 8% par an. Le PIB ivoirien a, dans le même laps de temps, plus que doublé, passant de 21,5 milliards d’euros en 2010 à 49,7 milliards en 2020. Autant d’indicateurs macro-économiques qui donnent corps à la promesse du Président Ouattara de faire atteindre l’émergence à son pays, tout en contentant les observateurs et institutions internationales, qui n’hésitent pas à parler de « second miracle ivoirien » – le premier s’étant déroulé au cours des années 1960-1970.
Un miracle ivoirien à deux vitesses
Après de longues années de crise et de guerre civile, la croissance ivoirienne est aujourd’hui portée par des politiques publiques misant notamment sur le développement d’infrastructures modernes, qui ont véritablement transformé le visage du pays et amélioré la vie de ses quelque 27 millions d’habitants. Des milliers de kilomètres de routes ont été tracés, le trafic aérien s’est développé, la capacité énergétique de la Côte d’Ivoire a augmenté de plus de 50%, des investissements conséquents ont été réalisés en faveur de l’accès à l’eau potable ou à l’éducation. Doublant sa production en dix ans pour atteindre 40% du marché mondial du cacao, la Côte d’Ivoire a également conforté sa place de premier producteur de fèves au monde, tout en transformant sur son territoire une part croissante du cacao et en faisant vivre, grâce à ce secteur stratégique, un cinquième de sa population.
Plus développée, plus résiliente et plus moderne, la Côte d’Ivoire demeure pourtant inégalitaire, ses habitants profitant de manière très diverse des fruits de la croissance économique. Rendre la croissance ivoirienne plus inclusive, transformer en profondeur la société et lutter contre la pauvreté sont donc autant de priorités absolues, qui ne pourront être réalisées qu’en investissant, massivement, dans le secteur de l’éducation.
L’éducation au cœur des priorités
Bonne nouvelle : depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, le système éducatif ivoirien s’est rapidement développé. En améliorant l’accès aux zones rurales isolées, les grands travaux d’infrastructures ont considérablement élargi l’accès des enfants de Côte d’Ivoire à l’éducation. Des efforts que le Président ivoirien s’est engagé à réitérer au cours de son nouveau mandat, faisant, lors de son discours de prestation de serment, le 14 décembre dernier, de l’éducation, de la formation et de l’emploi des jeunes, la priorité de son gouvernement. Alassane Ouattara a également réaffirmé son « engagement en faveur de l’école obligatoire et (de) la gratuité de l’école publique pour les enfants de 6 à 16 ans ». « Nous veillerons à ce que la transformation structurelle de notre économie soit créatrice de plus d’emplois pour nos jeunes diplômés », a encore déclaré le chef d’Etat.
Alassane Ouattara a enfin annoncé que le gouvernement ivoirien et les collectivités locales du pays prendraient en charge, à partir de janvier dernier, les frais des Comités de gestion des établissements scolaires jusqu’alors supportés par les parents d’élèves des niveaux primaire et secondaire. Et, pour que ces enfants bénéficient d’une éducation de qualité, un nouveau centre de développement professionnel (CDP) a ouvert ses portes en février, à Abidjan. Soutenu par la France, ce projet ambitionne de former plus de 10 000 enseignants, originaires d’une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne francophone : la réponse à un réel besoin, alors que plus de la moitié (55%) des élèves de ces pays débutent encore leur scolarité dans le secondaire sans savoir écrire ni lire correctement.
Multiplication des projets de développement
Parallèlement à ces efforts publics, le secteur de l’éducation en Côte d’Ivoire bénéficie de nombreuses initiatives privées destinées à améliorer l’accès des enfants à une offre scolaire de qualité. Leader dans son domaine d’activité, la société SIMDCI, dirigée par l’homme d’affaires malien Sidi Mohamed Kagnassi, a ainsi à son actif la construction de plus de 10 000 classes de l’enseignement primaire et de plus de 100 classes de l’enseignement secondaire (collèges et lycées) en Côte d’Ivoire. Depuis 2011, la société dirigée par Sidi Mohamed Kagnassi est également à l’origine des travaux de modernisation de 5 universités du pays, dans lesquels 110 milliards de Francs CFA ont été investis.
La Fondation Children of Africa, présidée par la Première Dame Dominique Ouattara, a quant à elle construit et équipé plusieurs lycées, groupes scolaires, cantines et salles multimédias à travers le pays, tout en distribuant des milliers de kits scolaires, et en organisant le passage de « bibliobus » dans les villages et des vacances éducatives proposées aux meilleurs élèves ivoiriens. Enfin, la Banque mondiale investit, de son côté, pas moins de 100 millions de dollars en faveur de l’éducation supérieure dans le pays. Autant d’investissements stratégiques qui participeront à rendre le « second miracle ivoirien » plus inclusif et durable pour les générations futures.
Michael Tchokpodo est un journaliste béninois spécialiste des TIC et des questions sociales.