Sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la BCEAO, Président de l’organe de supervision bancaire sous-régional, le Secrétariat Général de la Commission Bancaire a organisé, le vendredi 21 mai 2021 par visioconférence, la première rencontre avec les Directeurs Généraux des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) de grande taille établis dans l’UMOA.
Communément appelées institutions de microfinance, les SFD offrent des services financiers à des personnes qui n’ont généralement pas accès aux services offerts par les banques. Celles dont l’encours des dépôts ou des crédits atteignent au moins 2 milliards de FCFA font partie des établissements assujettis au contrôle de la Commission Bancaire de l’UMOA, au même titre que les compagnies financières, les banques, les établissements financiers à caractère bancaire et les établissements de monnaie électronique.
Lors de l’ouverture de la session, le Gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet KONE, a souligné dans son allocution toute l’importance qu’il attachait au secteur de la microfinance. Il s’est réjoui de la contribution significative des SFD à l’inclusion financière des populations de l’UMOA, en particulier, celles les plus vulnérables et généralement exclues des circuits financiers classiques.
Ces dix dernières années, le nombre de clients des SFD est passé de 6,9 millions en 2010 à 15,9 millions en 2020. La part de la population active utilisant les services de microfinance s’est accrue pour se situer à 22% en 2020 contre 15% en 2010. Monsieur KONE a rappelé à cet égard que la stratégie régionale d’inclusion financière, mise en œuvre sous l’égide de la BCEAO, comportait un dispositif relatif à l’assainissement du secteur de la microfinance.
En effet, le développement économique passe forcément par un secteur financier sain, résilient et inclusif. Le Gouverneur de la BCEAO a donc insisté sur l’urgence d’assainir et de renforcer le secteur de la microfinance. Ce qui devrait permettre d’assurer une fourniture de services financiers plus adaptés aux besoins des populations. La prise en compte de ces préoccupations dans la stratégie régionale d’inclusion financière, en cours de déploiement dans les différents pays de l’Union monétaire, répond à cet objectif.
La BCEAO a ainsi pris plusieurs initiatives pour suivre de près une quarantaine d’institutions de microfinance de grande taille connaissant des difficultés, mais qui présentent des perspectives de viabilité. Elle a également déployé un programme régional de renforcement des capacités des dirigeants des SFD, afin d’améliorer leur gouvernance.
Cette première rencontre a offert aux participants d’échanger sur deux thèmes majeurs :
Le premier avait trait à la situation du secteur de la microfinance dans l’UMOA et à l’évolution du paysage et de l’activité des SFD de grande taille. Une présentation du cadre de supervision a révélé les principaux constats issus des contrôles de la Commission Bancaire. Enfin, les échanges ont également porté sur l’impact de la COVID-19 sur le secteur de la microfinance.
Ces discussions ont par ailleurs été l’occasion, pour le Gouverneur de la Banque Centrale, d’apporter des précisions quant aux préoccupations formulées par la profession de la microfinance, relativement au refinancement de ces institutions. En effet, dans un contexte de pandémie du Covid-19 marquée par une réduction des financements bancaires en direction de ces structures, les institutions de microfinance ont souhaité accéder aux guichets de refinancement de la Banque Centrale, à l’instar des banques et établissements financiers.
Dans son intervention, le Gouverneur KONE a rappelé aux SFD la nécessité d’améliorer leur gouvernance, de même que leur situation financière et prudentielle, afin de renforcer leur crédibilité. En effet, les constats établis par les missions de vérification ne sont pas de nature à encourager les établissements de crédit à leur apporter leurs concours. Certaines conditions à respecter sont en effet indispensables pour réduire l’asymétrie d’information et accroître la confiance des banques, dont les SFD se plaignent de la réticence à les financer parce que celles-ci les perçoivent comme des institutions concurrentes.
Le Gouverneur KONE a aussi apporté des précisions quant aux mesures prises par la BCEAO pour soutenir les institutions de microfinance dans ce contexte de crise sanitaire. Parmi ces mesures : les reports d’échéance des prêts, sans charge d’intérêt, ni frais, ni pénalités de retard, et l’accroissement de la liquidité à travers le guichet spécial de refinancement des effets portés sur les PME. Des facilités offertes par la Banque Centrale, qui ont été insuffisamment exploitées par les SFD, faute d’une gouvernance ne leur ayant pas permis de remplir les critères d’éligibilité pour l’accès à ces facilités.
Le second thème de la rencontre a été consacré à la sensibilisation sur le cadre réglementaire, afin d’expliciter les dispositions des circulaires adoptées en 2020 par la Commission Bancaire. Ces textes réglementaires portent notamment sur le traitement des réclamations des clients des institutions de microfinance et sur l’élaboration de plans préventifs de redressement.
Pour leur part, les dirigeants des Structures Financières Décentralisées ont exprimé leurs préoccupations relatives aux dispositions réglementaires. Ils ont mis en exergue les difficultés rencontrées dans la compréhension et l’application des exigences réglementaires, tout en sollicitant l’allègement de certaines normes prudentielles. D’autres préoccupations portaient également sur le dispositif prudentiel et sur les critères d’éligibilité des emprunts subordonnés au rang de fonds propres des SFD.
En clôture des travaux, le Secrétaire Général de la Commission Bancaire, Monsieur Antoine TRAORE, s’exprimant au nom du Gouverneur KONE, s’est réjoui de la tenue de cette première rencontre, en assurant la profession de la reconduire selon une périodicité annuelle. Il a fait part des bonnes dispositions de la Banque Centrale pour accompagner le secteur, à l’effet de lui permettre de contribuer, dans des conditions optimales, à l’inclusion financière des populations et à un financement sain des économies de l’UMOA. Pour ce faire, les actions du superviseur iront toujours dans le sens de la protection des déposants et de la maîtrise des risques pesant sur le secteur. A cet égard, Monsieur TRAORE leur a rappelé la nécessité d’assainir leur gouvernance, conformément aux orientations du Gouverneur de la BCEAO.