Ce n’est pas encore l’escalade entre le Tchad et la Centrafrique. Peut-être qu’il n’y en aura pas. Mais la tension qui a longtemps couvé sous la cendre a pris des proportions grandissantes depuis le 30 mai 2021 suite à un « malheureux malentendu » ayant opposé les armées des deux pays. Cet accrochage qui a occasionné de part et d’autre, des pertes en vie humaines a ravivé la tension, puisque le Tchad qui s’est dit « agressé » a promis des représailles, pendant que le gouvernement centrafricain plaide pour une solution pacifique « pour ne point donner raison à nos ennemis communs ».
Selon nos informations, il est établi qu’au-delà de cet accrochage, les deux armées sont tombées dans le piège des rebelles, dans un contexte de suspicion doublé d’un climat d’insécurité d’autant que des rebellions qui écument cette région ont généralement leur base arrière dans chacun des deux pays respectifs.
L’offensive menée par les Forces armées centrafricaines (FACA) contre les rebelles de la Coalition pour le changement dans la localité de Mbang ayant pris fuite en direction du territoire tchadien, a malheureusement occasionné des affrontements entre les armées régulières centrafricaine et tchadienne.
A en croire certains analystes, la colère des autorités tchadiennes proviendrait du fait que pendant cette expédition punitive contre ces rebelles centrafricains, des soldats russes qui combattent aux cotés des FACA ont été formellement identifiés. Des armes de fabrication russe utilisées à l’occasion ont suscité la colère des autorités françaises qui voient d’un mauvais œil l’influence grandissante de la Russie dans le pré carré.
Adoubé par la France qui a manœuvré pour sa « reconnaissance » internationale, le Comité militaire de transition (CMT) sous la pression de Paris multiplie des menaces contre la Centrafrique passée sous la « tutelle des communistes ». Pour le Tchad, cet accrochage ayant fait cinq morts dans les rangs de son armée n’est ni plus ni moins qu’un « crime de guerre d’une gravité extrême et cette attaque meurtrière préméditée planifiée et opérée à l’intérieur du Tchad, dont seul le gouvernement centrafricain en connaît les raisons, ne sauraient rester impunis ».
La France qualifie « des instructeurs » russes de mercenaires qui pillent les minerais en Centrafrique, toutes choses ayant entre autre amené le président Emmanuel Macron à annoncer à son homologue centrafricain Faustin Archange Touadera, que « l’aide budgétaire 2020 ne sera pas décaissée et celle de 2021 suspendue ».
Il convient de rappeler que le Tchad avait aidé la coalition rebelle de la Seleka à renverser le président François Bozizé, et avait également apporté son soutien à Touadéra lorsque ce dernier est arrivé au pouvoir. S’étant émancipé peu à peu de ses mentors et surtout après son rapprochement avec le président russe Vladimir Poutine, le président Idriss Déby Itno n’avait pas manqué de prendre fait et cause pour la rébellion dont plusieurs leaders ont trouvé refuge au Tchad. La France fut indexée de complicité.
L’arrestation, le 10 mai dernier à Bangui, d’un mercenaire français, Juan Rémy Quignolot, muni d’un arsenal de guerre et accusé par les autorités centrafricaines de vouloir fomenter un coup d’état avec l’appui des Tchadiens participe à raviver les tensions entre les deux pays avec en arrière-plan, la France et la Russie. Des adeptes du chaos qui espèrent un affrontement entre les deux voisins pour vendre les armes pourraient attendre longtemps, puisque l’échange téléphonique ce mardi 1er juin entre Faustin Touadéra et le président du CMT, Mahamat Déby Itno, a commencé à décrisper la situation.
Aux dernières nouvelles, des émissaires centrafricains qui étaient « bloqués » à Douala au Cameroun depuis deux jours faute d’une autorisation des autorités tchadiennes sont à Ndjamena où ils ont été reçus par les « plus hauts dirigeants tchadiens ». Pendant que l’on s’achemine vers une désescalade entre la Centrafrique et le Tchad, la Russie et la France qui ne sont certainement pas contentes de perdre un marché pour écouler leurs armes poursuivent néanmoins leur lutte d’influence sur le sol africain, avec en ligne de mire, le contrôle des ressources naturelles.
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