Ministre délégué à la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), Papa Amadou Sarr est entrain d’impulser une nouvelle politique de financement et de développement de l’entrepreneuriat. Sous la houlette de ce jeune financier, la DER est allé à la recherche des nombreux entrepreneurs qui n’ont pas accès aux guichets bancaires. A l’instar de la Côte d’Ivoire et de toute l’Afrique, le Sénégal compte de nombreux entrepreneurs et auto-entrepreneurs exclus du système classique. La DER apporte de la disruption, en accordant des financements structurés aux porteurs de projets. De passage à Abidjan, le ministre délégué a accordé un entretien exclusif à Financial Afrik.
Propos recueillis à Abidjan par Issouf Kamgate.
Vous participez à Abidjan à une série de rencontres et de panels initiés par l’Etat de Côte d’Ivoire, en collaboration avec la Banque publique d’investissement de l’Etat français (Bpi) qui accompagne l’écosystème entrepreneurial. Quel est l’état des rapports entre cette banque française et votre structure ?
Les relations entre BPI France et la DER/FJ sont au beau fixe. Nous travaillons ensemble depuis deux ans sur tout ce qui est accompagnement, structuration et mutation institutionnelle. Il faut dire que la BPI fait partie d’un pool de conseillers pour la DER/FJ et l’Etat du Sénégal et, en ce sens, il y a trois ans, on avait fait un rapport sur la rationalisation du dispositif financier pour accompagner les entrepreneurs et les entreprises. Il y a aussi un an, j’ai participé au BIG de Bpi à Paris. Bref, nos relations de travail avec cette institution française sont excellentes.
Qu’est-ce que la DER/FJ ?
C’est une délégation rattachée au Président de la République, qui s’occupe de financer l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes sur l’ensemble du territoire national du Sénégal, sans distinction.
La DER/FJ existe depuis combien d’années ? Combien d’entrepreneurs avez- vous accompagné jusque-là ?
Nous avons trois ans d’existence. Depuis la création de la DER/FJ en mars 2018, nous avons accompagné plus de 100 000 entrepreneurs dans l’ accès au financement pour environ 60 milliards Fcfa. Les concours concernent les entrepreneurs, les startups, les TPE et les entreprises à taille intermédiaire avec des financements allant de 1 à 300 millions Fcfa.
La Côte d’Ivoire a créé une agence technique pour accompagner la structuration des entreprises, dénommée Agence Côte d’Ivoire Pme. Comparée à votre structure, peut-il y avoir partage d’expérience et collaboration ?
La DER ne s’occupe que du financement. Au Sénégal, il y a l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) qui assure un accompagnement technique des PME avec le renforcement des capacités et l’Agence nationale de Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) qui oriente les projets.
Quels sont les secteurs que vous jugez prioritaires ?
En fait, 70% de nos investissements vont vers le secteur agricole, l’élevage et la pêche. Nous avons des financements importants sur tout ce qui est artisanat, industrie culturelle, créative, tourisme et autres. De plus, nous faisons recours aux Technologies de l’information (TICS) pour impulser une dynamique entrepreneuriale durable…Nous faisons notre travail, en essayant d’apporter des innovations et de faire bouger les lignes avec nos méthodes.
Peut-on dire que vous avez atteint votre objectif dans un bilan à mi-parcours ?
Non pas du tout. Je suis quelqu’un qui a toujours faim, qui doit aller toujours plus loin. Qui a aussi un appétit insatiable pour les entrepreneurs, pour le travail que je fais. Pour moi, les acquis d’aujourd’hui ne sont qu’éphémères et partagés. Je veux intégrer plus d’entrepreneurs. Les jeunes sont là avec des projets bancables qui attendent des financements. Je ne peux pas me satisfaire de ce que j’ai. Bien entendu nous rendons déjà grâce à Dieu pour les 60 milliards Fcfa accordés en trois ans. C’est assez considérable. Mais je crois que l’Etat doit faire plus, parce que la demande est énorme.
Dans la nouvelle zone industrielle de Diamnadio à proximité de Dakar, combien d’entrepreneurs et de start-up ont fait la demande pour s’y installer ?
C’est une centaine d’entreprises Tpe Pme qui s’installent petit à petit dans cette nouvelle zone économique spéciale de Diamnadio. Du coup, cela a donné l’idée à d’autres communes de pouvoir aménager des zones pour des entreprises, pour leur expansion.
Si on nous dit aujourd’hui, par exemple, que le ministre a atteint son objectif, quel sera l’indicateur qui va le mesurer ?
C’est lorsque j’aurai 1000 milliards Fcfa de budget par an pour accompagner les besoins des entrepreneurs du Sénégal. Sans cela j’aurai encore faim. Il faut aussi dire que je veux arriver à créer encore un million d’entreprises, qui vont à leur tour créer trois millions d’emplois et de richesses.