Inaugurée le 6 juin par le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé, la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) est un jalon majeur dans la politique de développement du pays, qu’elle ambitionne de transformer en hub industriel. Gros plan sur ce modèle de PPP qui, après avoir fait ses preuves au Gabon, a déjà été répliqué au Bénin sous l’impulsion d’ARISE IIP, développeur de zones économiques spéciales en Afrique.
Onze ans après avoir développé sa première ZES à Nkok (1126 ha à 27km de Libreville), au Gabon, ARISE IIP a inauguré à quatre mois d’intervalle deux autres zones industrielles, en Afrique de l’Ouest cette fois : d’abord au Bénin (1640 ha à 45km de Cotonou), en février dernier, puis au Togo, à Adétikopé (400 ha à 15km au nord de Lomé). Avec un même credo : transformer localement les richesses naturelles du pays afin d’industrialiser les secteurs clés, créer de la valeur ajoutée et développer les échanges commerciaux.
ARISE IIP, qui est aux manettes de ces trois méga-projets en partenariat avec les gouvernements des pays hôtes, est une joint-venture entre Olam (49,5%) et l’institution financière multilatérale AFC (50,5%). Elle est issue de la société ARISE lancée au Gabon en 2010 afin de trouver des solutions industrielles, logistiques et portuaires innovantes et « made in Africa ». Fin 2019, son activité a été réorganisée en trois entités distinctes dédiées à l’activité portuaire (Ports & Logistics – P&L), aux zones économiques spéciales (Integrated Industrial Platforms – IIP) et aux infrastructures (Infrastructure services – IS).
Recette commune
À Adétikopé, ARISE IIP a conservé les ingrédients de sa recette gagnante : un PPP avec le gouvernement, dans le cadre du Plan de développement national ; la spécialisation sur des matières premières locales compétitives, un aménagement « customer centric », un environnement sécurisé, une logistique performante, une énergie fiable et bon marché, auquel s’ajoutent un approvisionnement garanti en matières premières et un environnement fiscal incitatif. De fait, pour constituer un cadre propice à l’implantation d’entreprises locales et drainer des IDE, ces zones exigent un cadre juridique et fiscal lisible, stable, des exemptions et allégements de taxes et impôts ainsi qu’un guichet unique administratif performant.
« PIA est une autre occasion pour ARISE IIP de mettre en valeur son modèle de développement industriel, un modèle qui génère des gains mutuels grâce à la transformation durable et éthique des ressources naturelles. Le succès de PIA réside également dans un partenariat réussi avec la République togolaise, laquelle a mis en place le cadre réglementaire nécessaire pour promouvoir l’industrialisation », a ainsi souligné Gagan Gupta, co-fondateur d’ARISE IIP, à l’occasion de l’inauguration de la première phase de cette zone industrielle.
Modèle économique pérenne
Le modèle économique de cet écosystème correspond à ce que nombre d’experts estiment nécessaire pour le développement des pays subsahariens : des investissements issus d’un secteur privé rentable dans une industrie locale à forte valeur ajoutée, rendus possibles par la création d’infrastructures, de services logistiques intégrés pour accroître la compétitivité et de réglementations favorables aux investisseurs. Avec un triple objectif : attirer des projets d’envergure, sécuriser les investissements étrangers et inciter au développement, tout en contribuant fortement au « local content ».
Au Gabon, moyennant un investissement de 425M USD, la stratégie de valorisation de la manne forestière a porté ses fruits grâce à un écosystème logistique très complet, des installations de stockage et de traitement du bois, ainsi que des services auxiliaires dans la zone industrielle. Cela a permis au pays de passer du statut de pays exportateur de grumes à celui de premier exportateur d’Afrique et deuxième producteur au monde de bois de placage. Depuis son lancement, cette ZES a attiré 120 investisseurs, drainé 1,7Md USD d’investissements étrangers et contribué à la création de 16 000 emplois.
Au Bénin, les attentes suscitées par la plateforme industrielle de Glo-Djigbé, qui ambitionne de devenir une plaque tournante pour le traitement des produits agricoles du Bénin, sont immenses : une augmentation des exportations de 5 à 10 Md USD et une augmentation du PIB de 4 à 7 Md USD d’ici dix ans. Au Togo, grâce notamment à la création d’un écosystème compétitif de traitement du coton et de produits agricoles, la plateforme jouera un rôle de catalyseur pour soutenir la croissance économique, l’intégration régionale et le commerce et elle permettra la création de quelque 35 000 emplois.