Laurent Gbagbo s’est envolé, le 17 juin, depuis Bruxelles par le vol SN 299 de la compagnie Brussels Airlines à partir duquel il effectue un « retour au pays natal » après dix ans d’absence. Il est accompagné de sa seconde épouse Nadiana Bamba dit « Nady » ainsi que de son indéfectible avocate Habiba Touré. Depuis plusieurs mois, cette dernière s’active pour organiser ce voyage. Elle a notamment géré l’octroi du passeport à l’ancien président ivoirien alors que le régime d’Alassane Ouattara ont longtemps rechigné à le lui octroyer.
Arrêté en avril 2011 au terme de la présidentielle troublée face à Alassane Ouattara suivie d’une longue crise politico-militaire, Laurent Gbagbo avait été transféré à la Cour Pénale Internationale (CPI) devant laquelle il devait répondre de crimes contre l’humanité. Il a été acquitté en première instance en 2019. Une décision confirmée en appel, en avril dernier.
L’ancien chef d’Etat devrait atterrir à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan aux alentours de 18 heures, heure locale. Il est attendu par des milliers de partisans. Ces derniers se regroupés le long des rues devant être empruntées par le véhicule mis à la disposition du fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). Un imposant dispositif policier a été mis en place la capitale économique afin de prévenir tout débordement. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés dans la matinée pour disperser des groupes dans le quartier populaire de Yopougon, fief électoral et base politique de Laurent Gbagbo.
Ce retour intervient après de longues semaines de négociations avec le régime d’Alassane Ouattara soucieux de prévenir tout débordement et de s’assurer de la volonté pacificatrice de l’ancien chef de l’Etat qui doit encore répondre d’une condamnation à 20 ans de prison datant de novembre 2019 pour le détournement de fonds de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bécéao). L’actuel président ivoirien a donné son accord pour un retour de son ancien adversaire sans toutefois préciser s’il l’avait gracié concernant cette dernière condamnation. Outre le siège du FPI, Laurent Gbagbo devrait se rendre en priorité dans son village natal de Mama (centre ouest) puis à Bouzon près de Yamoussoukro (centre) afin de se recueillir sur la tombe de sa mère, Marguerite Gado. Celle-ci est décédée en octobre 2014, après plusieurs années d’exil au Ghana, alors que Laurent Gbagbo était incarcéré à La Haye. Il devrait également se recueillir sur la tombe d’Aboudramane Sangaré, compagnon de route politique et plus fidèle lieutenant au sein du FPI, mort en novembre 2018.