Après 10 ans d’absence, Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien, a effectivement foulé le sol abidjanais ce jeudi 17 juin en provenance de Bruxelles la capitale belge où il vivait depuis son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI).
Jeudi 17 juin. Il sonne 16h19 mn en heure locale lorsque le vol régulier de Brussels Airlines en provenance la capitale belge atterrit sur le tarmac de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. A son bord, Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien accompagné de Nady Bamba, sa seconde épouse, et de certains membres de son collège d’avocats, notamment Me Altit (conseil principal), Me Jennifer Nouarie et Me Habiba Touré. A sa descente d’avion, malgré le dispositif sécuritaire mis en place, il a aussitôt été happé par la horde de journalistes qui ont fait le déplacement et certains de ses partisans. Puis, contre toute attente, l’ex-président que certains invités VIP attendaient au pavillon présidentiel embarque dans un véhicule blindé prêt à quitter l’aéroport. Ce qui désorganise tout le plan sécuritaire mis en place.
Gbagbo refuse le pavillon présidentiel offert par Ouattara
La journée du 17 juin 2021 a été particulièrement tendue. Les partisans de Laurent Gbagbo sont certes sortis massivement pour lui réserver un accueil triomphal, mais cela s’est quelque fois fait dans la douleur. Certains ont été soit molestés par les forces de l’ordre, d’autres agressés par des jeunes gens dits proches du RHDP, le parti au pouvoir. « Nous avons été étonnés par la mobilisation inhabituelle des forces de l’ordre. Nous avions pensé à un encadrement, mais nous sommes surpris par la suite. Les populations ont été gazées. Il y a déjà 40 arrestations alors que dans un communiqué, le gouvernement a dit n’avoir pas interdit un quelconque rassemblement. Nous lui demandons alors d’arrêter cette répression », a déploré Franck Anderson Kouassi, le secrétaire général du FPI-GOR (la tendance Gbagbo du Front populaire ivoirien, généralement nommée GOR pour « Gbagbo ou rien ») et membre du comité d’organisation de l’accueil de Laurent Gbagbo.
Abondant dans le même sens, l’ex-ministre Koné Katinan, porte-parole de Gbagbo, s’est même inquiété pour la sécurité de son chef. Et selon Fabrice Lago également membre dudit comité, « il était prévu que le président passe par le pavillon présidentiel. Le fait que le pouvoir le mette à sa disposition était un signe de bonne foi. Le fait que le président Gbagbo accepte était un signe de sa bonne disposition d’esprit. Mais à sa descente d’avion, lorsqu’on lui a fait le point de la situation à Abidjan, il a alors refusé d’accepter l’honneur du pavillon présidentiel pendant que ses partisans se font molester ».
Les premiers mots… après 10 ans d’absence
Après l’épisode de l’aéroport, le cortège de l’ex-chef d’Etat s’est mis en route pour son ancien QG de campagne d’où il a remercié aussi bien ses partisans et ses collaborateurs que tous les chefs d’Etat africains et non africains qui l’on soutenu pendant ces 10 années de procédure judiciaire. « Je suis heureux de retrouver la Côte d’Ivoire et l’Afrique », a -t-il déclaré avant de lancer à l’endroit de Assoa Adou, être à la disposition de son parti comme « un soldat prêt pour servir ». Laurent Gbagbo promet de dérouler son agenda politique dans les jours à venir.
Bédié salue un jour qui va booster la réconciliation
La classe politique ivoirienne n’est pas restée en marge de cet évènement. L’ex-président Henri Konan Bédié, qui s’est fortement rapproché de Laurent Gbagbo après avoir longuement »flirté » avec Alassane Ouattara, a estimé que ce retour va décrisper l’atmosphère sociopolitique. « J’ai toujours considéré qu’il était important qu’il rentre pour engager ensemble un vrai processus de réconciliation », a déclaré le patron du PDCI-RDA. Tandis que selon Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP, ce retour « est un non évènement ».