Abidjan, le 17 juin. La ferveur populaire était à son comble. L’instant tant attendu du retour de Koudou Laurent Gbagbo. Rites et rituels le long des routes menant à l’aéroport où l’enfant de Mama, acquitté au terme de 10 longues années de procédures, a atterri. Pour cette foule joyeuse, c’est le retour du Messie, un accomplissement quasi-prophétique sous le crépitement de flash et ces danses endiablées dont seuls les ivoiriens ont le secret. Derrière cette ambiance carnavalesque, beaucoup de questions sont encore sans réponse. Parti en faucon aux serres acérées, le leader nationaliste, membre de l’internationale socialiste, revient en colombe, un rameau d’olivier entre les mains. Parviendra-t-il à faire imposer le mot d’ordre de la réconciliation aux militants dont certains sont encore figés sur le décompte des résultats des présidentielles de décembre 2010 ? Comment l’Etat organisera-t-il la délicate cohabitation de fait avec cet ex président dont l’ambition va au delà d’une retraite confortable?
La réponse à toutes ces questions est certainement quelque part dans ces slogans en fleur, ces danses et ces expressions populaires. Oui, c’est bien l’heure. C’est l’heure de la réconciliation, mais aussi des doutes et des interrogations. La Côte d’Ivoire va-t-elle enfin fermer la page de la longue et interminable succession de Félix Houphouët–Boigny . Après le tandem Ouattara-Bedié, y-aura-t-il le triangle des Eburnies entre les trois leaders qui dominent la scène politique ivoirienne depuis les années 90 ? C’est l’heure, c’est bien l’heure de la relève.