Via une publication sur son profil Facebook ce lundi 21 juin, la journaliste Gaëlle Borgia a affirmé que des populations du Sud du pays, en proie à une extrême pauvreté, sont obligés pour survivre de manger leurs chaussures. Cette information, remise en cause par les autorités locales et le Programme alimentaire mondial, semble finalement être une « fake news ».
Dans sa publication du 21 juin, la journaliste Gaëlle Borgia, correspondante internationale, en particulier de France 24, à Madagascar interpellait directement le Président de la République en affirmant que la misère de la population obligerait certains à manger leurs chaussures (de la peau de zébu). Au vu de son caractère effroyable, l’information est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Le démenti du Programme alimentaire mondial et du Gouverneur
Très rapidement, cette information a fait l’objet de démentis. Le représentant du Programme alimentaire mondial de l’ONU a déclaré qu’en temps de disette, il avait pu observer la consommation d’aliments tels que les fruits de cactus, mais qu’il n’avait jamais vu de consommation du cuir.
De son côté, le gouverneur de la région d’Androy, Soja T. Lahimaro, a relevé que c’était en inadéquation avec les croyances locales, qu’il s’agissait d’un interdit culturel alimentaire, et qu’en conséquence une telle allégation était insultante pour les habitants du sud. Cette publication a aussi suscité beaucoup d’indignation au sein de la population.
Un témoin corrompu ?
La véracité de cette pratique étant remise en question, reste à en comprendre les motivations. La journaliste a-t-elle été victime de manipulation ? Est-elle à l’origine d’une mise en scène alors qu’elle est connue à Madagascar pour être virulente à l’égard du gouvernement ? Des vidéos circulent sur internet, qui montrent des habitants du sud de l’île déclarant qu’une somme d’argent leur a été proposée en échange d’un témoignage validant les propos de la journaliste.
S’il ne s’agit pas de nier que la situation sanitaire dans le sud de Madagascar est préoccupante – et pour la première fois dans l’histoire du pays, un grand colloque s’est tenu la semaine dernière avec tous les acteurs concernés (Etat, collectivités, acteurs civils), afin de trouver des solutions communes. – ce genre d’images n’aide en rien la situation, et interroge sur le respect de la déontologie journalistique par les correspondants internationaux et la presse internationale. Cette dernière, à l’heure où les fausses informations prolifèrent sur internet, doit être scrupuleusement respectée.