Les Chroniques de Balla Moussa Keïta.
Sillonnant l’Afrique avec, dans sa besace, la règle d’or transmise par son auguste père, à savoir « les trois oirs », le prince Mandingue, Balla Moussa Keïta, arrive à Lagos, « ville cruelle » à la mesure du célèbre roman de Mongo Beti, cité où le spectacle des cadavres en putréfaction n’est jamais loin. Puis ce fut le retour mouvementé à Brazzaville en ces temps où les africains chantaient le panafricanisme tout en multipliant les visas et obstacles envers d’autres africains. A travers ces chroniques, Balla Moussa nous entraine vers cette Afrique là des années 80 et 90. Un voyage riche en découvertes.
Lagos la traumatisante, Lagos l’impersonnelle, la ville où la vie humaine n’a aucune importance, la ville où enjamber un cadavre dans certains endroits, en pleine putréfaction, sans état d’âme, relève de la routine. Gare à vous si vous vous apitoyer sur un cadavre étalé en pleine rue. Dans cette ville, sinon dans ce pays, il ne faut jamais s’amuser en accusant ou en criant au voleur, car en un temps record, en deux mouvements, la personne est lynchée par la foule, si elle n’est pas aspergée d’essence, pneu au cou pour être brûlée vive.
J’ai été témoin d’une bagarre dans le grand marché de Lagos entre une commerçante Yoruba ( ethnie autochtone et dominante de Lagos ) et un commerçant Haoussa ( ethnie originaire du nord du Nigeria, et du sud du Nigeria… ). Figurez vous que cette altercation s’est terminée dans un bain de sang. La dame Yoruba, non contente de ce que lui baragouinait l’homme, lui enfonça le couteau au niveau de la clavicule. Dans un sang froid que je ne saurais décrire ici, le Haoussa s’en alla, ensanglanté, et revint quelques minutes tout en titubant avec un couteau dissimulé sous son boubou et, à la surprise générale, rendit la monnaie à la dame en l’enfonçant le couteau dans son thorax. Lire la suite.