Fitch Ratings à dégradé la note en devises de la Tunisie, la faisant passer de «B» à «B-» avec perspective négative. La rétrogradation à «B-» et les perspectives négatives reflètent des risques accrus de liquidité budgétaire et externe dans le contexte de nouveaux retards dans l’accord sur un nouveau programme avec le FMI, qui est nécessaire pour accéder à l’appui budgétaire de la plupart des créanciers officiels.
Le paysage politique fragmenté et l’opposition sociale limitent la capacité du gouvernement à adopter de solides mesures d’assainissement budgétaire, ce qui complique les efforts visant à sécuriser le programme du FMI. En l’absence de réformes solides, les créanciers publics pourraient considérer qu’une restructuration de la dette est nécessaire avant de pouvoir accorder un soutien supplémentaire.
Le gouvernement a fermement déclaré qu’il n’envisageait pas une restructuration de la dette et la Tunisie ne s’est jamais engagée dans un accord avec le Club de Paris. Dans son rapport, Fitch prévoit
que le déficit de l’administration centrale restera élevé à 8,9 % du PIB en 2021, contre 9,9 % en 2020. Nettement au dessus de la médiane de la catégorie « B » qui est de 6,2 %.
«Nous prévoyons que les revenus se redresseront en 2021, mais cela sera largement compensé par des dépenses plus élevées pour lutter contre la pandémie, une augmentation des subventions au prix du gaz, une charge d’intérêt croissante et des augmentations de la masse salariale suite à un accord avec les syndicats en 2019. Ces deux derniers éléments seront absorber près de 75 % des recettes, ce qui limite considérablement la flexibilité fiscale », lit-on dans le rapport.
La récente augmentation des cas de Covid-19 ajoute aux risques de baisse des revenus. Fitch estime que le déficit budgétaire se réduira à 6,7% du PIB en 2022 et à 5,5% en 2023.
La masse salariale reste supérieure à son niveau d’avant 2019 en pourcentage du PIB . En mai 2021, les syndicats ont rejeté un plan gouvernemental visant à réduire la masse salariale principalement par le biais de départs volontaires.
Les besoins de financement provenant des déficits budgétaires importants et de l’amortissement de la dette sont élevés par rapport aux sources identifiées. Les maturités de la dette publique se situeront entre 7,3% et 9,2% du PIB sur 2021-2023, dont entre 3,2% et 5,1% d’amortissements extérieurs.
Un accord avec le FMI succédant au programme qui a expiré en 2020 reste essentiel pour le financement extérieur de la Tunisie. Bien que l’engagement des créanciers publics extérieurs pour aider la transition démocratique de la Tunisie et contenir les flux migratoires à travers la Méditerranée reste fort, le soutien financier de nombreux partenaires est lié à un accord avec le FMI.
Cet accord attendu avant la fin 2021 se heurte à la persistance d’une forte opposition sociale aux réformes fiscales et à la fragilité du soutien parlementaire au gouvernement.
À notre que la performance de la Tunisie dans le cadre des deux accords précédents avec le FMI a été faible, les revues du dernier programme accusant systématiquement des retards importants.