Malgré la ratification par l’assemblée nationale guinéenne de l’accord de coopération militaire et technique signé le 19 juin 2021 à Accra (Ghana) entre la Guinée et le Sénégal en marge de la 59ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Cedeao, pour la réouverture de leurs frontières communes, sa mise en application coince encore. Côté guinéen, des hauts responsables du ministère de la Défense nationale expliquent que le pays a joué sa partition dans la mise en œuvre de cet accord, et que la suite est du ressort du Sénégal.
« Nous attendons nos amis Sénégalais. Je pensais que dès qu’on allait ratifier ici, eux aussi, la même semaine, ils allaient le faire. Peut-être qu’ils ont des impératives que nous ne savons pas pour le moment, mais ils nous disent qu’ils sont là-dessus. Une fois qu’ils ratifient, je pense que tout ça sera fini et on va rouvrir les frontières», a notamment déclaré dans une sortie médiatique, le directeur de l’Information et des relations publiques du ministère guinéen de la Défense nationale.
À la lecture de quelques articles de l’accord signé entre les deux parties à Accra, la question se pose sur l’éventualité que le Sénégal le fasse ratifier par son parlement vu son caractère suffisamment contraignant et les rapports dernièrement entretenus entre Alpha Condé et Macky Sall n’étant pas de nature à faciliter les choses. Malheureusement, c’est la tendance qui semble se confirmer. Le contexte de défiance voire même de méfiance entre les deux hommes risquent de faire capoter les choses.
Toutefois, le Sénégal pourrait choisir de jouer la montre avec une stratégie bien pensée : signer un accord dans le but de faire bonne impression, et traîner après le pas pour retarder sa mise en œuvre. Quoiqu’il en soit, les deux pays n’ont rien à gagner avec ce statut quo qui semble entretenu puisque l’un des débouchés porteurs du secteur agricole en moyenne Guinée et dans d’autres régions sont sénégalais ou Bissau Guinéens sans parler des échanges commerciaux du Sénégal avec le Fouta Djallon. D’où la nécessité pour les autorités sénégalaises, à défaut d’être satisfaites de l’accord, de suggérer des amendements si elles trouvaient le contenu trop contraignant.
En l’état, une rencontre solennelle au sommet entre Alpha Condé et Macky Sall à Conakry ou à Dakar ferait peut-être dissiper les éventuels points d’achoppement qui rendraient réticente la partie sénégalaise pour faire accélérer le processus de mise en œuvre devant aboutir à la réouverture des frontières communes. Le Guinéen devrait peut-être faire le premier pas puisqu’étant le premier à fermer unilatéralement les frontières de la Guinée au Sénégal.