La France et la Guinée équatoriale ont évité une crise diplomatique dont l’inattendu dénouement a surpris nombre d’observateurs qui s’attendaient davantage à un enlisement surtout qu’il s’agit des enjeux sécuritaires ayant donné lieu à des interprétations divergentes de part et d’autre. L’atterrissage « sans autorisation » d’un hélicoptère de l’armée française le 27 juillet dernier dans la ville de Bata a ravivé des tensions entre les deux pays, d’autant que cet « incident » est intervenu au lendemain de la condamnation en France dans l’affaire des « biens mal acquis », du vice-président de la République de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Mangue, par ailleurs fils du chef de l’Etat Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
« Cet incident, je le regrette. Il a eu lieu en raison de deux erreurs techniques de notre part, et il faut le reconnaître parce qu’on fait des erreurs. Nous avons la chance de disposer d’une autorisation annuelle de survol. C’est un honneur et un geste d’amitié que nous fait la Guinée équatoriale. Mais cette autorisation prévoit qu’il faut notifier 72 heures avant l’atterrissage. Pour des raisons de mauvaise organisation, cette notification n’a pas eu lieu. Il y a eu une deuxième erreur: l’autorisation dont nous disposons, et qui est là pour permettre à nos forces de sécurité de coopérer justement, cette autorisation est pour un certain nombre d’aéronefs identifiés avec des numéros », déclaré l’ambassadeur de France en Guinée équatoriale Olivier Brochenin. Dans la foulée, le diplomate français a présenté les « excuses au gouvernement et aux autorités de Guinée Equatoriale, si jamais ces erreurs ont suscité des malentendus » permettant de libérer les six militaire ainsi que l’appareil qui avait été immobilisé.
L’atterrissage de cet hélicoptère militaire avait ravivé des tensions entre Paris et Malabo, d’autant que les six militaires français qui se trouvaient à bord de l’appareil avaient été interpellés. Après avoir procédé à l’immobilisation de l’appareil, le gouvernement équato-guinéen avait notamment indiqué que « cet hélicoptère n’avait pas l’autorisation pour survoler l’espace aérien de la Guinée équatoriale et encore moins pour atterrir à l’aéroport de Bata ». Il ressort que l’armée française a pris arbitrairement la liberté d’atterrir « violant systématiquement la frontière étatique de la Guinée équatoriale » ce qui constitue « une violation grave des normes internationales de l’aéronautique, une provocation directe et une attaque contre la sécurité nationale ».
Les pilotes auraient menti aux autorités de l’aviation en affirmant qu’ils disposaient d’autorisation, une thèse réfutée par la Guinée équatoriale, précisant qu’aucun aéronef de l’armée française ne figure dans la liste du ministère de l’Aviation civile pour survoler cette année l’espace aérien équato-guinéen. A en croire les autorités françaises, « pour des raisons techniques, l’hélicoptère qui était identifié sur cette liste a dû bénéficier de réparations et c’est un autre hélicoptère qui s’est présenté à Bata. Et c’était un hélicoptère dont l’identification ne figurait pas sur la liste d’autorisation ». La crise relève déjà du passé, puisque les deux Etats ont indiqué de poursuivre et de renforcer leur coopération, indépendamment des sujets qui fâchent où Paris et Malabo pourraient difficilement accorder leurs violons.