La Côte d’Ivoire accueillera du 9 au 27 août 2021 le Congrès Postal Universel organisé par l’Union Postale Universelle. Depuis 2016, l’UPU déploie une solution numérique destinée à faciliter le e-commerce sur le continent : l’initiative Ecom@africa. Par sa nature, cet évènement constitue autant une opportunité que la preuve de la maturité économique grandissante de la Côte d’Ivoire.
Fondée en 1878, L’UPU est une des plus vieilles organisations internationales. Contrainte de se réinventer avec l’avènement de l’ère numérique, et la baisse du volume des courriers (sauf colis), l’UPU est aujourd’hui devenue pionnière de l’e-commerce mondial.
Le déficit d’infrastructures de logistiques (routes, ponts, etc) et une couverture internet insuffisante ont ralenti pendant des années le développement du e-commerce en Afrique. Ces problématiques n’ont pas disparu mais elles tendent à s’estomper progressivement, notamment dans les pays africains les plus développés, dont la Côte d’Ivoire. En effet, selon le cabinet Mckinsey, le commerce électronique pourrait atteindre les 10% de parts de marché du commerce de détail des grandes économies africaines.
Maturité Ivoirienne
En mars 2021, selon l’Autorité de Régulation des Télécommunications, le taux de pénétration de la téléphonie mobile en Côte d’Ivoire atteignait 151,5%, pour l’internet mobile c’était près de 75%. Selon le ministre de l’Économie numérique, des télécommunications et de l’innovation, Roger Adom, le taux de pénétration d’internet sur l’ensemble du territoire a dépassé les 65%. C’est presque trois fois plus qu’en 2018, où il n’était que de 26,3%.
Autre facteur indispensable au développement du e-commerce : les infrastructures. Et dans ce domaine le gouvernement ivoirien a vu grand, notamment pour désengorger la capitale économique, Abidjan. C’est dans cette optique qu’a été construit le troisième « pont d’Abidjan », et qu’un quatrième a été lancé en 2018. La construction du métro d’Abidjan, qui doit être achevée en 2023, suit la même logique. De nombreux efforts ont également été faits autour de la modernisation de la voirie et des autoroutes urbaines afin de fluidifier le trafic. Pour rappel, le réseau routier de la Côte d’Ivoire pèse actuellement pour plus de 50% de l’ensemble de celui de l’UEMOA.
Ces actions ont donc permis, via la montée en puissance logistique du pays, le développement du e-commerce et un accès accru de la classe moyenne -grandissante- abidjanaise à des biens de consommation à haute valeur ajoutée. De plus le gouvernement a amorcé l’évolution des services postaux du pays. En mai 2021, le ministre Roger Adom, a inauguré, en présence de l’UPU, le “bureau de la poste du futur”. Cette poste de nouvelle génération prend en compte l’évolution des besoins des consommateurs ivoiriens. Ainsi, en plus de ses missions classiques, la poste fournira également des services financiers (business center, guichets automatiques, solutions de transfert d’argent, etc).
Initiative ecom@africa
Or ce développement du e-commerce a progressivement suscité l’intérêt de plusieurs opérateurs économiques. Dans cette optique on peut citer Jumia, une entreprise multinationale spécialisée en e-commerce, ou encore Ivoiremobiles qui commercialise des téléphones ainsi que des solutions de paiements mobile.
Ces opérateurs sont les principales cibles de l’initiative ecom@africa, dont l’objectif est de créer un guichet numérique unique, destiné à unifier leurs processus. En effet, selon le directeur général de l’UPU, Bishar Hussein, la plateforme Ecom@Africa : « placera la poste comme une infrastructure logique pivot et un véhicule important pour l’inclusion sociale, économique, financière et numérique».
En plus de confirmer la pertinence du modèle économique ivoirien, et ses résultats, l’organisation du congrès postal universel de l’UPU, et le lancement d’Ecom@africa, constituent un feu vert pour tous les investisseurs privés du secteur. Il semble donc possible que le gouvernement parvienne à son objectif de hisser la Côte d’Ivoire au rang de leader régional de l’e-commerce.