Par Rodrigue Fenelon Massala, envoyé spécial.
L’accréditation de l’Etat d’Israël comme membre observateur auprès de l’Union Africaine ne passe pas comme une lettre à la poste. L’Afrique du Sud, l’Algérie et, en tout, 7 pays membres ont émis des réserves le 2 août dernier, pointant du doigt le tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine (CUA).
« Nous souhaiterions aviser la Commission de notre opposition à la décision sensible de son président d’ordre politique, à savoir l’octroi du statut d’observateur auprès de l’UA à Israël », a relevé une note verbale, établie par les ambassades d’Algérie, d’Egypte, des I’îles Maurice, de Tunisie, de Djibouti, de Mauritanie et de Libye.
Le diplomate aurait -il outrepassé ses fonctions en accréditant Israël, lequel a essuyé plus de 10 refus depuis 2001?
Réagissant à la vague de critiques dans un communiqué du samedi 7 août, Moussa Faki Mahamat a argué qu’en vertu des textes de l’Union, l’accréditation
d’un pays non régional est une prérogative réservée totalement au président de la commission lequel peut décider sans s’en référer à un quelconque État. Une telle accréditation serait, selon l’interprétation que fait le tchadien des textes de l’UA,
une procédure simplement administrative et, insiste-t-il, exclusivement réservée au président de la commission de l’Union Africaine.
Cependant, tempère Moussa Faki Mahamat, l’Union Africaine a indiqué au représentant permanent de l’état Hébreu son attachement à la solution à deux États avec Jérusalem Est comme capitale de la Palestine. Voilà ce qu’on appelle couper la poire en deux.
Justifiant sa décision, le diplomate tchadien invoque le changement de la conjoncture politique autour de ce vieux conflit. Ainsi, l’accréditation a été prise sur la base du constat de la « reconnaissance d’Israël et le rétablissement de relations diplomatiques avec lui par une majorité supérieure aux deux tiers des Etats membres de l’UA, et à la demande expresse d’un bon nombre de ceux-ci en ce sens». Pour rappel, Israël entretient des relations diplomatiques avec 46 Etats africains.
Le feuilleton devrait-il s’en arrêter là ? Pas aussi certain, nous indique une source. La question risque d’être soulevée lors du prochain sommet de septembre par les pays contestataires. Les réserves exprimées par quelques Etats membres auraient convaincu Moussa Faki Mahamat d’inscrire le sujet dans l’ordre du jour du prochain Conseil exécutif.