Bientôt deux mois que Laurent Gbagbo est rentré en Côte d’Ivoire après 10 années passées sous contrôle judiciaire de la Cour pénale internationale (CPI). Ce lundi 9 août à Abidjan, devant toute l’aile dirigeante du Front populaire ivoirien (FPI) qui lui est restée fidèle, l’ex-président a proposé de tourner la page FPI.
Le fossé entre Laurent Gbagbo et son ex-premier ministre Affi N’guessan qui a, pendant 20 bonnes années, dirigé le Front populaire Ivoirien (FPI) est désormais abyssale. Devant toute l’aile dirigeante du FPI-GOR (l’aile de ce parti qui lui est restée fidèle) convoquée pour un »comité central extraordinaire » élargi à la direction de ‘Ensemble pour la Démocratie (EDS)’, la plateforme de tous les partis alliés, l’ex-président ivoirien a officiellement rompu les amarres avec Affi N’guessan. « Laissons Affi avec l’enveloppe qu’il détient. Nous allons continuer à lutter…décentralisation, industrialisation, les libertés. Le FPI, c’est nous. Nous allons changer de nom, c’est tout ! », a-t-il proposé au »Comité central extraordinaire ». Ce nouveau parti devrait être officiellement lancé au mois d’octobre prochain.
Par cette sortie, Laurent Gbagbo décide donc de ne pas affronter son ex-collaborateur pour la présidence du FPI. Il met ainsi fin à une guéguerre qui dure depuis 2014 entre Pascal Affi N’guessan et les autres membres de la direction du parti. Cette guerre froide a connu un pic depuis le retour de l’ex-président en Côte d’Ivoire. Le camp Affi a sorti les griffes estimant à coup de communiqués signés par Issiaka Sangaré, son secrétaire général, « que la convocation d’un comité central par Gbagbo est illégale ».
Les secrets d’un huis-clos Affi-Gbagbo à Bruxelles
Affi N’Guessan, selon le secrétariat général de son parti, a depuis 3 semaines introduit une demande d’audience à laquelle son ex-patron n’a pas encore fait droit. Mais aujourd’hui, face à ses »camarades », Laurent Gbagbo s’est exprimé pour la première sur une rencontre avec Affi à Bruxelles où il attendait d’être totalement blanchi par la CPI. Morceaux choisis : « Affi a gardé la présidence du FPI parce que Sangaré ne voulait pas qu’il soit chahuté (…). J’ai montré ma disponibilité à discuter avec lui (…). J’ai demandé qu’il vienne me voir directement. Le premier tête-à-tête a duré plus d’une heure en présence de mon conseil Me Habiba Touré. Aujourd’hui, je suis revenu de prison, il nous faut avancer ».
Une réplique du camp Affi est attendu après cette sortie de l’ex-président Laurent Gbagbo. D’ailleurs, les instances dirigeantes de l’aile favorable à l’ex-premier ministre s’activent pour une « grande rencontre » le 14 août prochain.
Simone et Laurent continuent la camaraderie politique
Plusieurs observateurs extérieurs de la guéguerre au sein du FPI avaient parié sur un boycott de Simone Gbagbo, deuxième vice-présidente. Qui, on le sait, est en bisbilles conjugales avec Laurent Gbagbo. Si le couple a décidé de se séparer à la ville, sur le terrain politique, ils continuent, pour, le moment en tout cas, de faire chemin ensemble. L’ex-première Dame était donc présente ce lundi 9 Août au Palais de la Culture où elle a même eu droit à un standing ovation de ses « camardes » du parti.