L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, est arrivé le 6 août 2021 dans la capitale guinéenne pour rencontrer une nouvelle fois, le chef de l’État guinéen, dans le cadre d’une visite dont les contours n’ont pas été définis par les autorités guinéennes et dont ils se sont abstenues de tout commentaire. Ce qui a laissé place à beaucoup de spéculations dans un contexte politique tendu depuis la réélection d’Alpha Condé pour un troisième mandat contesté.
Quoi qu’il en soit, les Guinéens sont désormais habitués aux balais diplomatiques de l’ancien président français, en témoignent ses trois déplacements successifs sur Conakry au cours de l’année 2019, venu sous les bons auspices de son « ami » milliardaire franco-Israelien Beny Steinmetz, négocier un règlement à l’amiable du différend qui opposait la Guinée au groupe Beny Steinmetz Group Resources (BSGR).
Sarkozy arrache un accord entre la Guinée et BSGR
Ce qui est somme toute vraisemblance, c’est le caractère « lobbyste » que revêtaient les déplacements de Nicolas Sarkozy pour le compte de son ami Beny Steinmetz, en 2019 en Guinée. Il a été accueilli à trois reprises à Conakry en l’espace d’une année par Alpha Condé, dans le cadre du contentieux judiciaire opposant à l’époque l’État guinéen au groupe BSGR de Beny Steinemetz dans l’affaire de l’acquisition jugée frauduleuse des blocs 1 et 2 du gisement de fer du Simandou.
Acculé par la justice guinéenne avec plusieurs procédures pendantes en Europe et aux États-unis, c’est grâce à l’intermediation et la facilitation de Nicolas Sarkozy que BSGR de Beny Steinmetz doit son salut. L’ancien président français a négocié auprès du chef de l’État guinéen, n’hésitant pas à faire la navette entre Alpha Condé et Beny Steinmetz pour amener la Guinée et BSGR à décider de commun accord de régler l’affaire à l’amiable. La Guinée abandonnera toutes les procédures alors en cours contre BSGR et en retour, l’entreprise dirigée par Beny Steinmetz acceptera de perdre ses droits de licence sur les blocs 1 et 2 du Simandou pour les faits de corruption allégués en contrepartie de l’octroi d’un autre gisement de fer, celui de Zogota, moins valeureux.
La justice suisse a par ailleurs condamné en début d’année Beny Steinemetz par un tribunal de première instance de Genève à cinq ans de prison ferme pour corruption d’agents publics en Guinée dans un dossier de permis minier, concernent l’acquisition en 2006 des blocs 1 et 2 du Simandou en complicité avec la 4e épouse de Lansana Conté, ancien président guinéen de 1984 à 2008. Elle aurait perçu 8,5 millions de dollars de pots-de-vin entre 2006 et 2012, pour permettre à des filiales de la compagnie minière Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) d’être en pole position pour rafler une partie du megagisement de fer du Simandou, soit l’un des plus importants (2,7 milliards de tonnes de réserves) et riche en teneur (65 %) de la planète.
Ses démêlées avec la justice ne l’arrêtent pas
Nicolas Sarkozy est empêtré dans une série d’affaires judiciaires qui lui ont valu notamment une condamnation en mars dernier à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour « corruption et trafic d’influence » dans l’affaire des écoutes téléphoniques. L’ancien président de la République française était soupçonné d’avoir tenté d’obtenir des informations couvertes par le secret dans une procédure concernant la saisie de ses agendas. Sans parler de l’affaire « Bygmalion » du nom de l’entreprise qui aurait aidé le parti de l’ancien président, l’UMP, à dépasser frauduleusement le seuil des dépenses requises pour la campagne présidentielle de 2017 grâce à un système de fausses factures, dans laquelle il risque une nouvelle condamnation. Mais l’ancien président français semble toujours aussi volontariste quand il s’agit de ses déplacements pour venir rencontrer le Guinéen Alpha Condé dont il a vraisemblablement le pouvoir de convaincre.
Black out officiel
La seule communication officielle de cette rencontre à huis clos qui a filtré du palais Sekhoutoureya, c’est une publication Facebook de la page officielle du Président annonçant que le président Condé a reçu en audience l’ancien président français sans préciser les raisons de sa visite ni les sujets qui ont été abordés au cours de leur tête à tête. « Ce que j’explique à Nicolas Sarkozy, la Guinée, havre de paix, terre d’accueil, de culture et d’avenir. Un condensé d’une Afrique qui gagne… », souligne un commentaire illustré par des photos des deux hommes posant devant des œuvres d’art accrochées aux murs du palais présidentiel comme pour détourner l’attention sur la visite.
En Lobbyste d’affaires confirmé, l’ancien président français qui semble exceller dans l’intermediation, pourrait éventuellement être venu s’entretenir avec Alpha Condé pour les affaires, sous les auspices d’une multinationale probablement minière ou pour faire du lobbysme politique en pleine crise sociopolitique depuis la dernière présidentielle de 2020.
Guinée : le « lobbyste » Sarkozy chez Alpha Condé
Mamadou Aliou Diallo
Mamadou Aliou Diallo, journaliste, est diplômé de l'ISMGB (Institut supérieur des Mines et Géologie de Boké) avec une licence en Génie Traitement- Métallurgie; Formation en Communication et journalisme à JMJ-Communication. Administrateur du site Guinée économie, Mamadou Diallo écrit dans divers sujets en économie et finance avec un suivi régulier de l’actualité du secteur de l’Energie et des Mines.
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