La Zambie vient d’ouvrir une nouvelle page de son histoire politique, avec l’élection du chef de l’opposition Hakainde Hichilema à la magistrature suprême. D’après les résultats annoncés le 16 août 2021 par la commission électorale, l’opposant historique a stoppé les ambitions du président sortant Edgar Lungu au pouvoir depuis 2015 dans sa tentative de rempiler pour un second mandat à la tête du pays.
Agé de 59 ans, le président élu surnommé « HH » est un homme d’affaires présenté comme un autodidacte qui briguait le fauteuil présidentiel pour la troisième fois. Après sa défaite avec moins de 100 000 voix en 2015 contre Egard Lungu au terme d’un scrutin très disputé, son élection contre son tombeur d’hier apparaît comme une revanche, d’autant que son avance est confortable au regard de l’écart des voix qui sépare les deux protagonistes. Selon la commission électorale, Hakainde Hichilema a remporté un total de 2 801 757 suffrages contre 1 814 201 pour le président sortant Edgar Lungu.
Plusieurs observateurs affirment que cette élection s’est globalement déroulée dans le calme avec un taux de participation de plus de 70 %. Ce qui constitue une forte mobilisation, notamment en cette période de pandémie de Covid-19. Après la publication des résultats, des militants et sympathisants l’UPND, formation politique du nouvel homme fort de Lusaka, ont crié leur joie de conquérir le pouvoir, d’autant que cette victoire intervient après deux échecs consécutifs de leur champion.
Toutefois, le Front patriotique (PF), le parti du président sortant n’écarte pas la possibilité de déposer des recours estimant que le scrutin a été émaillé de violences dans certaines régions du pays orchestrées par des militants de l’opposition. C’est certainement après avoir vidé le contentieux électoral que le Conseil constitutionnel se prononcera définitivement.
Alternance sur alternance
Appelé Rhodésie du Nord pendant la colonisation britannique, ce territoire d’hinterland peuplé de dix-huit millions d’habitants situé en Afrique australe accède à l’indépendance en 1964 en devenant la Zambie. Kenneth Kaunda, l’une des figures de proue contre l’impérialisme occidental, deviendra le tout premier président de la République. Il mettra en place un régime monopartiste sous la bannière du Parti uni de l’indépendance nationale (UNIP). A la faveur du vent d’Est qui déboucha sur l’ouverture démocratique en Afrique au début de la décennie 1990, la Zambie connaîtra sa première alternance politique avec l’élection en 1991 de Frederick Chiluba du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD).
Depuis lors, le pays fait partie de ces pays du continent où l’on enregistre l’alternance démocratique pratiquement à chaque élection présidentielle.