Depuis plusieurs mois, la zone dite des trois frontières est émaillée d’attaques stratégiquement coordonnées aux lourdes conséquences humaines. Cette situation nécessite de revoir les stratégies sécuritaires en vue de ramener la paix et de relancer le développement.
La montée du terrorisme au sahel, notamment dans la zone dite des trois frontières que se partagent le Burkina Faso, le Mali et le Niger inquiète, avec le nombre de morts sans cesse croissant. Selon un responsable des Nations unies, la mort de l’ex-président tchadien Idriss Deby Itno a donné un espoir aux djihadistes opérant au sahel avec des attaques similaires et coordonnées ayant le même mode opératoire dans un intervalle de 24 à 72 heures. Le nombre de morts, plus de 100 enregistrées en l’espace de quatre jours dans les pays cités en sus, lève un pan de voile sur cette préoccupation.
Cette recrudescence des attaques terroristes suscite quelques interrogations. Qu’est-ce qui explique ces tueries ? Les armées du Sahel ont-elles failli ? Quid du G5 Sahel et l’opération Takouba et Barkhane ? Pourtant, Barkhane, une opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’armée française en compagnie des armées alliées dont l’objectif est de lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel, semble disposer d’outils adéquats pour mener à bien cette opération. Lancée le 1er août 2014, elle remplace les opérations Serval et Épervier. Les résultats mitigés amènent certains observateurs à se demander à quoi joue la France au Sahel ou encore ce que font réellement des soldats américains basés au Niger. Surtout qu’en dépit d’une logistique de pointe, l’on décèle des carences aussi bien dans le renseignement prévisionnel que dans les interventions sur le terrain.
Selon le centre d’étude stratégique de l’Afrique, l’Etat islamique dans le Grand Sahara s’est efforcé de privilégier l’extension de son champ d’action, plutôt que l’enracinement durable dans ses zones d’action. Cela explique en partie sa montée en puissance rapide le long des frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Depuis janvier, près de 2.000 personnes constituées en majorité de civils ont été tuées dans cette zone. Une conjonction d’atrocités des djihadistes nigérians de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
Les contributions annoncées par les Nations Unies à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et dans l’ensemble de la région ne suivent pas toujours, obligeant les pays concernés à puiser dans leurs modestes budgets pour faire face à cette guerre asymétrique. Conséquence, les terroristes ont repris du poil de la bête, au point que chaque jour vient avec son bilan macabre. Jusqu’à quand donc le sang continuera-t-il de couler au Sahel ? Toujours est-il que la montée en puissance des groupes djihadistes a des effets néfastes sur les communautés riveraines. Ces conséquences menacent également les pays du golfe de Guinée notamment le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Liberia, la Guinée le Ghana etc.
Selon le centre d’étude stratégique, les conséquences de la flambée de violence au Burkina Faso ont causé « plus de 100.000 réfugiés qui ont dû fuir leur foyer et environ 1,2 million de personnes ont besoin d’une aide humanitaire », et d’ajouter qu’on estime que 2.000 écoles sont actuellement fermées au Mali, au Niger, au Burkina Faso, privant 400 mille enfants d’éducation ».
Il convient donc de souligner que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a également entrepris de piloter plusieurs initiatives visant à renforcer la coopération transfrontalière dans la gestion de frontières. Bien que louables, il y a lieu de questionner toutes ces initiatives au regard de la situation quasi chaotique qui prévaut sur le terrain.