C’est acté depuis le 24 août 2021, la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. L’annonce faite par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse survient après plusieurs mois de tensions latente et bruyante entre les deux pays voisins. Une décision d’après Alger qui se justifierait par des « actions hostiles » de Rabat qui ont amené « l’Algérie à décider de rompre les relations diplomatiques avec le Royaume du Maroc à partir de ce jour », a indiqué le chef de la diplomatie algérienne.
Même si pour certains observateurs, les divergences entre les deux Etats ne prévoyaient pas « l’escalade » à laquelle l’on assiste, toujours est-il que la réaction du Maroc ne s’est pas faite attendre, Rabat regrettant une décision « complètement injustifiée » d’autant que « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent » n’auraient aucun fondement. L’Algérie reproche au Maroc d’avoir soutenu des « terroristes » à l’origine des incendies qui ravagent la Kabylie et qui militent pour l’autodétermination de cette région.
Toutefois, pour ceux qui suivent l’actualité politique entre les deux pays, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le problème du Sahara occidental en est l’épicentre. L’Algérie n’a jamais caché son soutien pour « l’indépendance pour la République arabe sahraouie démocratique », d’autant que la plupart des dirigeants du Front Polisario vivent en Algérie où ils bénéficient de l’appui multiforme pour leur cause, ce que les autorités marocaines sont loin d’accepter, affirmant que ce territoire fait intégralement partie du royaume chérifien malgré des tares nées de l’impérialisme occidental.
Le Maroc quitte l’OUA et réintègre l’UA
Pour ces raisons et bien d’autres, les autorités algériennes ont publiquement affirmé que « l’histoire avait montré que le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie à l’origine de la responsabilité des crises répétées, qui se sont aggravées provoquent le conflit au lieu de l’intégration dans tout le Maghreb ». Dans cette relation du genre « je t’aime moi non plus », la tension est montée d’un cran la semaine dernière lorsque sous prétexte des événements de Kabylie, le haut conseil de sécurité présidé par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, n’avait pas manqué d’indiquer qu’une réflexion sera menée pour définir les relations futures avec le Maroc. Une autre manière de dire qu’au sortir de cette réunion, les autorités algériennes avaient déjà pris leur décision et n’attendaient que le bon moment pour l’officialiser. Ce qui est chose faite depuis hier. Déjà en 1976, le Maroc avait décidé de rompre les relations diplomatiques avec l’Algérie pour protester contre la reconnaissance la République arabe sahraouie démocratique du Front Polisario. Une protestation qui avait d’ailleurs poussé le roi Hassan II et le Maroc à quitter l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avant la réintégration du Maroc à l’Union Africaine (UA) en 2018 sous le leadership de Mohammed VI après une trentaine d’années d’absence.
Avec des frontières fermées et malgré des démarches du roi du Mohammed VI pour leur réouverture, rien n’a pu changer puisqu’en réalité, l’Algérie le Maroc se livrent une guerre froide depuis des lustres et dont la cessation des hostilités n’est certainement pas pour demain. Depuis que les Etats-Unis ont apporté leur soutien au royaume chérifien sur « la Saharaouinité » du Maroc, le voisin Algérien a accusé le coup, puisque c’est un allié de poids qui a rejoint le camp « ennemi ». Depuis lors, Alger est accusé de faire feu de tout bois pour porter la cause de « l’indépendance » du Sahara occidental alors que le Maroc assure l’administration de ce territoire à plus de 80%. C’est dire que la décision de rompre les relations n’est pas une surprise pour nombre d’observateurs qui redoutent actuellement un cycle de violences savamment orchestrées.
D’après des sources, bien qu’officiellement « les peuples algériens et marocains ne sont pas concernés par cette guéguerre », et essaient tant bien que mal de vivre normalement, l’Algérie a annoncé une « intensification des contrôles sécuritaires aux frontières ouest », fermées depuis 1994. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette guerre hégémonique entre le Maroc et l’Algérie a de lourdes conséquences économiques, politiques, sociales et sécuritaires non seulement pour les deux pays, mais également pour le Maghreb et l’ensemble du continent Africain.