La fameuse entente entre le pays d’Alpha Condé et celui de son allié et voisin, Alasane Ouattara, risque de voler en éclat au fur et à mesure de l’évolution de la crise sanitaire liée à Ébola. Le temps n’est plus plus à la synergie des premières heures. La franche collaboration entre les deux nations s’est, au fil du temps, transformée en méfiance puis en défiance.
En cause, la divergence autour de l’origine de la souche virale Ébola qui aurait été, selon la partie ivoirienne, importée depuis le territoire guinéen. Une thèse que les autorités sanitaires de Conakry mettent en doute.
L’annonce, mardi 24 août 2021, par le porte-parole du ministère Ivoirien de la Santé de la guérison de la « patiente Zéro » diagnostiquée « positive à Ébola » il ya près de deux semaines ne semble pas arranger les choses. La “patiente zéro” avait provoqué l’état d’alerte sanitaire aux bords de la lagune Ébrié. Sa guérison annoncée est une avancée positive dans le processus de circonscription de la maladie. “On lève son isolement. Elle n’est plus un risque de contamination. Elle est encore très fatiguée, nous l’a maintenons en hospitalisation. À partir d’aujourd’hui. On décompte 42 jours sans faire état de nouveaux cas pour pouvoir dire à la fin si la Côte d’Ivoire est indemne d’Ébola”, explique l’infectiologue Serge Eholié, précisant que deux tests biologiques réalisés sur la patiente se sont avérés négatifs en l’espace de 48 heures d’intervalle.
L’annonce de la bonne nouvelle n’émeut pas particulièrement les responsables sanitaires et experts de l’agence nationale guinéenne pour la sécurité sanitaire (ANSS) qui suivent de très près l’évolution de la situation sanitaire en Côte d’ivoire. Toujours amère après s’être vu refusée l’accès de ses experts déployés en urgence à Abidjan à la « patiente zéro », alors placée en isolement, l’ANSS n’est pas convaincue de la version ivoirienne.
Les experts guinéens s’étonnent qu’aucun contact de la « patiente zéro » enregistré en Guinée n’ait développé des symptômes de la maladie Ébola, y compris le chauffeur du véhicule. Tous les contacts guinéens étant dans l’attente de 21 jours d’observation.
« J’attends ardemment le retour de ma sœur pour que nous puissions l’examiner à nouveau. Ce qui est clair, l’interrogation n’a pas été répondue. On attend que l’OMS nous donne une suite. On est très content que notre sœur soit guérie et on remercie quand même les autorités ivoiriennes qui ont pris en charge ses frais de traitement », déclare Sakoba Keita sur le site Mosaïque Guinée. « Il s’agit certainement d’un cas exceptionnel, voire insolite. Que quelqu’un qui a saigné pour Ébola se rétablisse en onze (11) jours ! Vraiment nous n’avons jamais enregistré un tel cas en Guinée», martèle le DG de l’ANSS.
Contactée, l’OMS semble désormais être l’arbitre désigné pour départager Guinéens et Ivoiriens qui semblent ne plus se faire confiance mutuellement. Plus qu’une préoccupation d’éthique scientifique, c’est désormais une question d’honneur ou plutôt d’orgueil patriotique qui se joue entre la Guinée et la Côte d’ivoire sous les yeux impassibles d’Alpha Condé et d’Alassane Ouattara, deux chefs d’Etat qui ont bouclé les frontières entre leur deux pays.