Est-ce pour les peuples du Maghreb l’amorce du divorce avec les islamistes dits modérés ? C’est l’une des principales lectures à faire des législatives marocaines du mercredi 8 septembre 2021 qui ont vu le Parti pour la Justice et le Développement (PJD), rétrogradé à la 8 éme position. Dominateur de la vie politique marocaine depuis le printemps arabe, le parti islamiste, qui dénonce “plusieurs irrégularités”, aurait-il été sanctionné pour son impuissance à transformer ses promesses en réalités ?
Les marocains ont plutôt opté pour le Rassemblement National des Indépendants (RNI) arrivé en tête des élections législatives avec 97 sièges, devant Le Parti Authenticité et Modernité (PAM), 2ème avec 82 sièges. Quoique d’obédience plutôt libérale, ces deux formations peuvent être qualifiées de partis de technocrates et d’administratifs comptant une pléthore de compétences prêtes à l’emploi.
Derrière le RNI et le PAM, arrivent l’Istiqlal, avec 78 sièges, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, 35 sièges), le Mouvement Populaire (MP, 26 sièges), le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS, 20 sièges), l’Union Constitutionnelle (UC, 18 sièges) et le Parti de la Justice et du Développement (PJD, 12 sièges. Ces résultats donnés par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Lafti, après dépouillement de 96% des bulletins de vote, s’ils se confirment, marqueraient un tournant historique.
Le taux de participation a dépassé 50% contre 42% cinq ans plutôt. À noter que c’était la première fois que les 18 millions d’électeurs choisissaient leurs 395 députés le même jour que leurs représentants communaux et régionaux.
Le chef du gouvernement sera issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif. Il est nommé par le roi Mohammed VI et chargé de former son exécutif pour un mandat de cinq ans. Après le scrutin, l’ensemble des partis politiques est censé adopter « un pacte » découlant d’un « nouveau modèle de développement », qui préfigure une « nouvelle génération de réformes et de projets », comme l’a promis récemment Mohammed VI.
Le RNI qui est bien placé pour conduire le futur gouvernement est présidé par Aziz Akhannouch, Ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts.
En charge de l’exécution du Plan Maroc avert, le patron du RNI était, bien avant de rejoindre le gouvernement en 2007, à la tête d’un immense conglomérat familial (Akwa Group fondé en 1932) présent dans le secteur de l’énergie, de la finance, des télécoms et des médias, faisant de son propriétaire un milliardaire en dollars selon le Magazine Forbes.