Dans cette chronique hebdomadaire sur les devises africaines, les experts de l’AZA, le plus important courtier en devises non bancaire en Afrique, avec un volume de transactions de plus de 1 milliard de dollars par an, analysent l’évolution des fluctuations monétaires sur le continent.
Le plan d’allégement de la dette du Tchad repose sur des pourparlers avec des créanciers privés
Cette semaine, le FMI a appelé les créanciers privés à intensifier les pourparlers sur la dette avec le Tchad dans le cadre d’un processus de restructuration qui débloquera le financement dont le pays a besoin d’urgence alors que son économie stagne à la suite des chocs combinés de la COVID-19, de la baisse des prix du pétrole, du changement climatique et des attaques terroristes. Les créanciers publics sont déjà parvenus à un accord avec le Tchad, devenu le premier pays à demander une révision de la dette dans le cadre d’un nouveau cadre commun du G20. « Débloquer ces fonds est essentiel étant donné que les tensions financières du Tchad ont forcé le pays à réduire les dépenses sociales et de développement, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sociales et sécuritaires, a déclaré le FMI », rappelle Michael Nderitu, Chief Risk Officer chez Aza.
Le Naira, plus bas que jamais, se prépare à de nouvelles dépréciations
Le Naira a atteint un nouveau creux record par rapport au dollar cette semaine, se dépréciant à 535 unités par rapport au billet vert sur le marché non officiel contre 530 à la fin de la semaine dernière, ce alors que la demande en billet vert des importateurs continue de se heurter à la rareté des liquidités sur le marché (voir illustration en haut). Cet assèchement des liquidités a été exacerbé par l’interdiction de la Banque centrale du Nigeria de vendre des devises aux bureaux de change du pays. La banque centrale (BCN) a déclaré mardi qu’elle s’attend toujours à ce que les taux officieux et officiels du pays convergent. Le Naira se négociait à 411,30 contre le dollar sur le guichet de la NAFEX cette semaine. « Nous nous attendons à ce que la pression monétaire persiste dans les prochains jours, car la demande de change continue de l’emporter sur l’offre », estiment les experts de Aza.
La reprise du Cedi semble improbable sur durée
Le Cedi s’est légèrement raffermi cette semaine, se négociant à 6,015 dollars contre 6,05 à la clôture de la semaine dernière, après que la Banque du Ghana ait vendu 75 millions de dollars sur le marché par le biais de ses enchères à terme sur le taux de change. Cela a contribué à alléger la pression exercée récemment sur le Cedi, mis à rude épreuve par l’augmentation de la demande en dollars à mesure que l’activité économique se raffermissait. Les pressions inflationnistes pèsent également sur la monnaie, le taux d’inflation du Ghana passant à 9,7 % en août en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et des transports. « Dans ce contexte, relèvent les experts de Aza, nous nous attendons à une pression soutenue sur le Cedi au cours de la semaine à venir ».
Le Rand se renforce à mesure que l’économie croît
Le Rand s’est apprécié par rapport au dollar cette semaine, se négociant à 14,16 contre 14,31 à la clôture de la semaine dernière, après que l’agence de statistique de l’Afrique du Sud ait montré que l’économie du pays a progressé de 1,2 % au deuxième trimestre, contre 1 % au cours des trois premiers mois de l’année. Cette expansion a été soutenue par des activités dans les secteurs des transports et des communications, ainsi que dans l’agriculture. « Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que le Rand maintienne les niveaux actuels à court terme », estime Aza.
Les entrées d’obligations stimuleront le Shilling kenyan
Le Shilling s’est déprécié par rapport au dollar cette semaine, passant de 109,99 à la fin de la semaine dernière à 110,11, alors que le déficit de la balance courante du Kenya s’est creusé à 5,4 % du PIB au cours de la période de douze mois se terminant en juillet, contre 4,9 % un an plus tôt, selon les données provisoires de la banque centrale du Kenya. Entre-temps, la banque centrale a émis une offre de 75 milliards de shillings d’obligations d’infrastructure cette semaine, qui ont tendance à être populaires auprès des investisseurs étant donné que les rendements sont exonérés d’impôt. Nous nous attendons au cours de la semaine à venir à ce que les entrées des obligations d’infrastructure donnent au Shilling un répit suite à la pression récente.
La demande en Dollars pour maintenir la pression sur le Shilling ougandais
Le Shilling s’est affaibli par rapport au dollar, se négociant à 3538 contre 3528 à la fin de la semaine dernière, alors que la levée partielle du confinement de l’Ouganda en raison de la COVID-19 a stimulé une reprise de l’activité commerciale qui a fait augmenter la demande des importateurs pour le billet vert. «Nous nous attendons à ce que cette dynamique maintienne la pression sur le Shilling au cours des sept prochains jours».
Des liquidités d’urgence du FMI, pour maintenir la stabilité du Shilling tanzanien
Le Shilling a peu changé par rapport au dollar, se négociant à 2318, en ligne avec la clôture de vendredi dernier. La devise a été appuyée par l’approbation par le FMI cette semaine d’un financement d’urgence de 567 millions de dollars pour aider à atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie de la Tanzanie. Les fonds seront également utilisés pour renforcer le système de santé du pays et répondre à ses besoins urgents en matière de balance des paiements, a déclaré le FMI. « Nous nous attendons à ce que le shilling demeure stable au cours de la semaine à venir, car le soutien financier du FMI est équilibré par la demande de dollars pour les importations de biens de consommation et de biens d’équipement, y compris le matériel de transport, le bâtiment et la construction, les machines et le pétrole ».