Le dispositif politico-diplomatique en vue de l’organisation du dialogue national que les autorités veulent inclusif se met allègrement en place, un mois après la mise en place par le président du Conseil militaire de transition (CMT) Mahamat Idriss Déby du « comité technique spécial relatif à la préparation de la participation des politico-militaires au dialogue national inclusif ».
Selon nos informations, la visite « d’amitié et de travail » de 48 heures qu’effectue depuis ce lundi le président du Conseil militaire de transition à Doha, la capitale du Qatar, participe de ces derniers réglages avant l’ouverture du dialogue national inclusif. Si pour certains analystes, il serait question non seulement de mobiliser des fonds dans ce pays du golfe pour l’organisation des assises nationales attendues, il serait davantage question pour le pouvoir, de poursuivre des contacts avec des responsables politico-militaires à l’instar de Timan Erdimi, le leader de l’Union des forces de la résistance (UFR) qui vit au Qatar. Dans son communiqué, la présidence de la République n’a pas fait mention des négociations secrètes, pourtant d’après des sources sécuritaires, il existe bel et bien des contacts entre le pouvoir et l’UFR. Avec l’appui de son pays d’accueil, l’homme dont le mouvement militaire a failli prendre le pouvoir en 2008 au terme d’une insurrection armée serait dans « de bonnes dispositions morales » pour participer au dialogue politico-militaire inclusif.
Malgré la persistance des revendications de la société civile et des partis politiques à l’instar du mouvement Wakit Tama qui projette d’organiser des manifestations de contestations contre une volonté des autorités de repousser la transition au-delà des dix-huit mois impartis, plusieurs partis politiques à l’ exemple de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) dont le leader, Saleh Kebzabo, a été nommé à la vice-présidence dudit comité, affichent leur volonté de prendre part à ces assises.
La présence des rebelles de l’UFR constituerait un « ralliement » de poids pour le pouvoir, et isolerait un peu plus le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui ne devrait pas, selon toute vraisemblance, prendre part au dialogue national et dont le mouvement en pleine reconstruction dans le sud de la Lybie projette de mener des attaques contre les positions de l’armée tchadienne. Toutefois, des négociations « discrètes » seraient également en cours pour convaincre les représentants de ce mouvement rebelle à participer au dialogue national sous les auspices du président nigérien Mohammed Bazoum. Autrement dit, les autorités tchadiennes maintiennent une oreille attentive pour une éventuelle « reddition » du FACT, seul groupe armée d’envergure dont la participation au dialogue national inclusif reste hypothétique.