Au Mali, le secteur de l’Education connait une déliquescence de plus en plus visible. Le baccalauréat 2021 a fait l’illustration des innombrables carences que l’équipe gouvernementale peine à résoudre. Ce qui a un réel impact sur l’économie du pays, actuelle et à venir.
Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une personne active peut rapporter près de 50.000 dollars par an en termes de bénéfices financiers pour un Etat qui investit massivement dans l’Education de sa jeunesse. Certains Etats investissent en moyenne près de 5.800.000 FCFA par an pour chaque élève/étudiant pour un retour dix fois supérieur à l’issue des études du jeune. Mais au Mali, la réalité est très éloignée de cette tendance. Alors que plusieurs pays voisins ont décidé d’augmenter significativement le budget de l’Education, dont le Sénégal qui compte investir près de 541 milliards de FCFA dont 22 qui ne sont pas compris dans le budget de fonctionnement, selon le ministère de l’Education sénégalais. Au Mali, la réalité est à l’opposé malgré un investissement de 80 millions de dollars de la Banque mondiale qu’il faut ajouter aux apports relatifs des différentes agences de coopération…
Cette réalité s’explique par des erreurs stratégiques dans le déploiement de ses services sur le terrain… Et cela se fait encore plus sentir depuis plusieurs semaines notamment après le coup d’Etat qui a mis un terme au mandat d’Ibrahim Boubacar Keïta. Et dans les prochaines années, le manque à gagner pourrait être important. Une génération entière pourrait ne pas être prête pour intégrer le marché de l’emploi, y compris dans le numérique, quand d’autres Etats investissent massivement dans les infrastructures et les projets éducatifs… Et il faut bien le dire, la situation ne s’améliorera pas en quelques semaines d’autant que le Mali peine à remettre en marche son système scolaire. La dernière preuve en date remonte aux épreuves du baccalauréat qui ont vu plusieurs milliers de Professeurs à la retraite reprendre du service pour pallier aux manques d’enseignements disponibles. Ces désagréments s’ajoutent aux tensions qui demeurent entre le gouvernement malien et le corps enseignant. « Près de 185.000 élèves ont pris part aux examens dans 370 centres », estime Sidibé Dédéo Ousmane ; ministre malien de l’Education qui s’exprimait devant la presse à cette occasion.
Si le gouvernement exprime sa satisfaction, le son de cloche est différent du côté des syndicats qui protestent toujours contre les promesses qu’ils estiment non-tenues. «Où est passée l’augmentation promise de 15% ? », retorque les syndicats qui s’agacent de cette situation, appelant ainsi à «la désobéissance civique» contre le gouvernement.
Peut-on parler d’improvisation problématique ?
Si tous les problèmes n’incombent pas à l’actuel gouvernement, il n’en demeure pas moins que les défis logistiques à relever étaient nombreux sur le terrain. Dans plusieurs académies, le phénomène de « doublon » a épuisé le moral des parents et élèves qui ont dû batailler auprès des autorités éducatives du pays. A l’académie de Faladiè, Madame Diabaté s’est démenée jusqu’à deux heures du matin pour trouver une solution pour son fils. Un constat identique a été établi par d’autres parents d’élèves. Mais malgré ces manquements constatés, c’était le silence radio au sein des autorités qui estiment que ces cas sont marginaux.
La réalité de l’Education au Mali : peut-on parler d’échec gouvernemental ?
La réalité est terrible. Mais selon les différentes études menées au niveau international, le Mali possède l’un des systèmes éducatifs les moins performants du monde. Près de 70% des jeunes ressortent du système scolaire sans diplôme. Et le pays est encore très dépendant de l’aide internationale. Il s’agit d’un constat d’échec partagé par les syndicats et la communauté internationale dont l’USAID (coopération américaine). La structure de l’aide publique au développement basée aux USA a encore investi près de quatre millions de dollars au Mali pour favoriser l’éducation des garçons et des filles. Mais l’impatience commence à se faire sentir auprès des bailleurs internationaux dans un contexte marqué par une transition au niveau du pouvoir politique alors que le pays doit faire face à de multiples défis notamment d’ordre économique pour préparer la relance post-Covid. Les chantiers ne sont plus à dénombrer. Mais les résultats ne seront possibles que si l’incompétence laisse place à l’expertise interne, d’un point de vue technique et politique, dans un pays qui en a cruellement besoin.