Le Laboratoire de recherches économiques et monétaires (LAREM), de concert avec le Forum/réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD), a organisé le 23 septembre 2021, une conférence panafricaine sur la dette et le développement. Cette rencontre qui a pour thème majeur « l’endettement et le développement au Sénégal » a pour objectif principal de réunir les acteurs de développement afin d’échanger sur des fondamentaux économiques en Afrique.
Ainsi, universitaires, experts du secteur privé et de la société civile, représentants des institutions internationales, décideurs, opérateurs économiques, étudiants… ont débattu sur les questions de développement au Sénégal et en Afrique.
Pour le représentant du ministère des Finances et du Budget, Babacar Cissé, le Sénégal présente un portefeuille d’endettement soutenable et reste très prudent en matière de gestion de sa dette. Depuis 2012, souligne-t-il, le pays de la Teranga élabore une Stratégie de dette à moyen terme (SDMT), conformément aux textes de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Le responsable a indiqué que cette règle – qui exige aux États membres d’élaborer une stratégie d’endettement public à annexer à la loi de finances – permet au Sénégal de déterminer son portefeuille de la dette (s’il est viable ou non).
Evoquant les statistiques, Babacar Cissé a fait savoir que l’encours de la dette publique du pays s’est situé à 62,8% du PIB à fin 2020. Concernant le poids de la dette moyenne, il s’est chiffré à 21,5% entre 2007 et 2011.
Pour sa part, l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla est formel. Pour lui, le pays à l’image des autres Etats africains, présentera toujours un ratio d’endettement élevé. « Ceci du fait que nos pays sont toujours dans un schéma de spécialisation primaire c’est-à-dire qu’ils exportent des produits de base, très volatils », a-t-il fait savoir. Il suffit, souligne-t-il, que les matières premières baissent pour voir une situation budgétaire difficile pour honorer le service de la dette.
Parmi les interventions ayant meublé les discussions, l’on cite celle du professeur Babacar Sene. Selon le directeur du Centre de recherche d’économie appliquée (CREA), l’heure est au changement de paradigme d’endettement pour l’Afrique. Le continent doit migrer aujourd’hui vers d’autres types d’endettement notamment les eurobonds pour financer son développement, soutient-il.
Selon le professeur, l’Afrique est faiblement représentée sur le marché international des eurobonds avec un taux d’émission de 5%. Pourtant, elle a une marge de manœuvre pour bénéficier de ses obligations avec des maturités très longues pouvant aller de 40 à 60 ans et des taux d’intérêt relativement bas.
« Les pays africains doivent tout faire pour intégrer leurs marchés financiers afin de tirer le maximum de profit des liquidités », a recommandé l’économiste, espérant voir un jour des « Africans Bonds ».
La journée a été riche en enseignements économiques, et a permis aux acteurs d’aborder plusieurs angles relatifs au développement de l’Afrique.
Créée en 2011, le LAREM est un des pôles de recherche en sciences économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il organise des séminaires annuels pour des débats économiques notamment dans les domaines monétaire et financier.