Nommé dans le dernier gouvernement ivoirien, le ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, n’a pas tardé à trouver son remplaçant à la tête de la Société Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière (SICOGI).
Un appel à candidature rondement mené a abouti à la cooptation de Brahima TRAORÉ en tant que Directeur général. Cette nomination n’est pas du goût de tout le monde, y compris au sein de la SICOGI où l’on évoque, sous couvert de l’anonymat, un vice de forme.
En effet, de tradition, un directeur général qui partait était d’abord remplacé par un intérimaire le temps de désigner un successeur par décret du président de la République. Or rien de tout cela ne se serait passé dans le cas de la SICOGI où le nouveau directeur, dépourvu de la légitimité du décret présidentiel, est confronté qui plus est à certaines urgences liées au passif foncier de l’entreprise.
Comme cette bataille autour d’une parcelle de terrain de 958 m2 vendue deux fois par la SICOGI et faisant aujourd’hui l’objet d’un double emploi. La première vente de ce terrain remonte dans les années 70 au profit de la société Civile Immobilière (SCI) du Conseil de l’Entente. Seulement au moment de chercher un titre foncier, le Conseil de l’Entente découvre que la même parcelle avait été cédée au profit de la Société Civile Immobilière Sakina (SCI Sakina).
En somme, bien qu’ayant lui-même signé l’acte rectificatif de vente au profit de la SCI du Conseil de l’Entente, Bouaké Fofana a tout de même signé un autre acte de vente, sur le même terrain, au profit d’une autre structure à savoir la SCI Sakina, impliquée, tout comme une entité dénommée Twins Immobilier, dans plusieurs litiges sur des terrains vendus à son profit par le même manager.
Autre affaire similaire où l’on retrouve la SCI Sakina, celle de Cissé Sanata, acquéreur en 2008 d’un terrain dans le lotissement Riviera Zone 1 où elle a construit un immeuble. Mais en engageant un processus de régularisation, Cissé Sanata tombe des nues: son terrain est cédé à une certaine … SCI Sakina.
La mayonnaise est indigeste. Entres autres irrégularités, le terrain cédé à la SCI SAKINA est en fait une rue de largeur 8m qui devient «un terrain» de 10 mètres en débordant de 2m sur le terrain de Dame CISSE Sanata.
Au vu de cette situation litigieuse, la propriétaire spoliée s’est rapprochée de la SICOGI dans le courant du mois de juillet 2021 pour dénoncer cette vente irrégulière. La SICOGI a diligenté une mission d’état des lieux. En attendant de tirer les choses au clair, les interrogations sont nombreuses.
Qui a donc vendu une partie du terrain de Dame CISSE Sanata à la SCI SAKINA/ TWINS Immobilier, d’autant plus que la SICOGI n’aurait aucune trace de cette vente dans ses comptes ? Qui se cache derrière la SCI SAKINA ? Quels sont ses liens avec TWINS Immobilier ? Qui a vendu la rue à la SCI SAKINA/TWINS Immobilier au mépris du plan d’urbanisation de la cité ?
L’ancien DG de la SICOGI, Bouaké FOFANA, aujourd’hui ministre de la République, était-il ou non au courant de ces irrégularités ? Rappelons que la SCI SAKINA est déjà impliquée tout comme TWINS Immobilier, dans plusieurs litiges sur des terrains vendus à leur profit par la SICOGI. Simple coincidence? Certainement. Reste à trouver l’explication au remplacement accéléré du ministre à la tête de la SICOGI.
La nomination, faut-il le rappeler, du nouveau DG est intervenue jeudi 5 août 2021 dans l’après-midi. Le PCA a convoqué un conseil extraordinaire le vendredi 6 août 2021, veille de la fête de l’indépendance, pour entériner ce choix. Selon les informations, c’est au cours de ce conseil du 6 août que les administrateurs ont reçu le dossier de présentation ou de candidature du DG de la SICOGI. La passation décidée le même jour a eu lieu lundi 9 août dans une célérité qui laisse perplexe.
L’ancien directeur général de la SICOGI, devenu Ministre de l’assainissement et de la salubrité, Bouaké FOFANA, chercherait il à cacher quelque chose ? Pour le moins, le ministre a battu un record olympique en termes de cooptation, de confirmation et de passation de service.