Il a été pilote de voiture et a fini dans le coma. Sa carrière musicale s’est arrêtée à un seul album, oublié. Il a vendu des téléviseurs pour une entreprise dont il deviendra le patron. Il a racheté les châteaux possédés en France par l’empereur autoproclamé de la République centrafricaine Jean Bedel Bokassa et mal lui en a pris.
Puis c’est le succès pour le «Zorro des entreprises» qui reprendra jusqu’à 50 sociétés au début des années 80, enfilant les succès pour devenir, au fil des ans, des victoires et des déboires, le symbole d’une certaine idée de la France.
Disparu le 3 octobre 2021 à l’âge de 78 ans, Bernard Tapie était l’une des incarnations de la Miterrandie, de cette France socialiste de marché, plus portée sur la diversité et l’ouverture que sur la fermeture et l’assimilation à la Eric Zemmour, polémiste de droite, crédité de 10% dans les sondages des présidentielles de 2022.
Autant Bernard Tapie incarnait cette diversité à la française, autant Zemmour, pied noir en relations conflictuelles avec ses origines algériennes, personnifie ces classes moyennes obsédées par l’ascension sociale, le pouvoir totémique des diplômes et l’assimilation, faussement gaulliste, à une «France blanche aux racines chrétiennes».
Assumant ses origines populaires avec bagout et faisant de ce prétendu stigmate un emblème, Bernard Tapie a fait gagner la France en politique comme en Ligue des Champions. Pendant que les énarques se défilaient, il sera le seul en 1989 à accepter de débattre avec Jean-Marie le Pen dans un moment culte de la télévision et sur la thématique de l’immigration en écho aux préoccupations actuelles des leaders de la droite.
«Ce n’est pas parce que vous avez une grande gueule que ce que vous dites est vrai», lancera-t-il à Le Pen.
Roi des punchlines, Tapie avait l’art de la provocation chevillé au corps. ««Si l’on juge que Le Pen est un salaud, alors ceux qui votent pour lui sont aussi des salauds», declare-t-il lors des élections régionales en 1992.
Élu une première fois en 1989 dans la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône, un bastion de la droite, réputé imprenable, où quelques leaders du PS l’avaient envoyé au casse-cou, pensant se débarrasser à bon compte du favori de la cour, Bernard Tapie survivra aux vicissitudes d’une vie politique française féroce.
Le ministre de La Ville du gouvernement de Pierre Bérégovoy de 1992 n’aura pas le temps de bien fêter la victoire de l’OM en ligue des champions 1993). Rattrapé par l’affaire dite de l’OM-Valencienne, il s’éloignera de la politique non sans avoir renvoyé aux vestiaires un certain Michel Rocard (auteur de «la France ne peut pas accueilli toute la misère du monde») aux européennes de 1994, poussant ce dernier à une célèbre réplique. «J’ai été battu par un missile nommé Tapie, tiré depuis l’Elysée ».
À partir de là, les ennuis judiciaires se poursuivront pour le plus flamboyant de la Miterrandie, un bad boy aux manières de bateleur qui ne sera jamais accepté par les barons élitistes et caviardisés du Parti Socialiste français. La suite de sa vie fut un cocktail explosif entre scandales de foot, d’affaires d’acquisitions toxiques (cas d’Addidas), empoignades judiciaires et traquenards politiques auxquels s’ajoutent les ennuis de santé suite au diagnostic ll y a trois ans d’un double cancer. Mais Bernard Tapie aura été Tapie jusqu’au bout, demandant notamment à ses médecins de l’aider à vivre jusqu’au 6 octobre pour faire face à une décision de justice qui devait tomber ce jour là. Les dieux coalisés du foot, du business et de la politique en décideront autrement.
Un commentaire
Bravo: Tapie était (paix à son âme) un bateleur et un bonimenteur qui a entraîné des entreprises à la faillite, symbole de la Miterrandie qui s’est fourvoyée dans le fric, abandonnant les classes populaires se réfugiant chez Le Pen.
Votre discours racialiste contre Zemmour n’est pas à votre honneur.Zemmour est né en métropole en 1958, ses parents étaient juifs berbères, les Berbères colonisés par les arabes. .On rappellera au lecteur, l’Algérie était composée de departements français.