Une grisaille pourrait entacher la coopération pourtant fructueuse entre le Cameroun et la Banque africaine de développement (BAD) à cause des atermoiements de la partie camerounaise dans la conduite de certains projets financés par la banque continentale. Depuis plus d’un an, les interminables procédures d’attributions des marchés destinés à la construction des infrastructures routières intriguent l’institution qui menace carrément d’annuler un financement global de 188 milliards de FCFA (332 millions de dollars) devant servir à l’aménagement des tronçons routiers Kumbo-Nkambe-Misaje long de 365 km, Ntui-Mankim de 96,7 km et Bogo-Pouss de 63,17 km. Cette mise mise en garde intervient après plusieurs rappels restés infructueux.
« Cette situation difficilement compréhensible altère la performance de notre portefeuille et le statut de ces deux opérations (Ntui-Mankim et Bogo-Pouss) déjà dans la catégorie de projets à risque. Notre préoccupation est d’autant plus grande que les reliquats de financements relatifs aux Programmes d’appui au secteur routier (PAST) 1 et 2 courent le risque d’une annulation si rien n’est fait pour sortir ces deux projets de leur statut actuel d’ici au 15 novembre 2021 », a indiqué le directeur général de la BAD pour le Cameroun, Serge N’Guessan.
Dans cette correspondance adressée le 24 septembre 2021 au ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, la BAD exprime ses craintes précisant que moins de 16 mois avant la date limite du dernier décaissement pour les deux premiers projets et après des prorogations qu’elle a accordées, les travaux de construction des routes Ntui-Mankim-Yoko et Bogo-Pouss sont encore en attente de démarrage. Pour ce qui est de la route Kumbo-Nkambe-Misaje qui constitue un tronçon de la Ring Road qui débouche au Nigeria, rien n’indique que la date impartie avant la fin de l’année pour le démarrage des travaux sera respectée d’autant que l’on n’a pas encore bouclé avec les appels d’offres.
« Au regard de l’évolution des dossiers d’acquisition, nous voudrions exprimer nos inquiétudes quant à la matérialisation de ces engagements. Eu égard à ce qui précède, nous vous saurions gré de bien vouloir prendre des dispositions urgentes afin d’éviter l’annulation de ces financements », insiste la BAD dans son courrier.