Par *Samir Bouzidi.
Sur la homepage du site officiel du sommet Afrique – France qui se tient vendredi 08 octobre à Montpellier (France), on découvre les objectifs assignés à ce grand rendez-vous présidentiel et multi-diasporas : « l’ambition de permettre d’envisager ensemble les perspectives et les premières actions concrètes à mener pour le renouveau de la relation entre notre pays et le continent africain». Et dans cette perspective, on innove par un format «radicalement nouveau» sans chefs d’Etat et autorités institutionnelles mais avec une plateforme des jeunes entrepreneurs, artistes, chercheurs, athlètes, étudiants, personnalités engagées d’Afrique et de France…réunies ensemble autour de cinq grandes thématiques – l’engagement citoyen, l’entreprenariat et l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche, la culture et le sport…
Quatre ans après le discours galvanisant de Ouagadougou (nov. 2017) et à la veille de ce rendez-vous pour un nouveau-départ, on reste sur notre faim ! Espérons et rêvons à minima que pour demain tous les acteurs de cette disruption annoncée hier mais aujourd’hui boiteuse auront enfin compris l’essentiel de ce qui rend et rendra de plus en plus difficile la relation entre l’ex puissance coloniale et l’Afrique. A mon sens et sans tabous, le vrai nouveau départ entre la France et l’Afrique ne peut se faire sans la reconnaissance des blocages structurels ci-dessous et au prix d’une volonté collective et sincère d’action :
1. Le passif mémoriel transgénérationnel, durement ressenti par les jeunes africains en précarité qui perçoivent dans la proximité de l’ex puissance coloniale avec leurs dirigeants politiques actuels et passés + les positions confortables des grands groupes français…comme un prolongement de la colonisation sans en récolter de bénéfices directs pour eux (emplois, visas…)
2. Le mindset de ceux qui font et appliquent la stratégie africaine de la France (à Paris et dans les pays africains), trop souvent ancrée dans une posture verticale (et non de co-construction d’égal à égal), dogmatique et déconnectée comme le prouve leur incapacité à renouveler leurs réseaux (ils continuent à confondre entre élites francophones affairistes et influenceurs réels…). A leurs décharges, ces institutions ne sont guère aidées par des communautés françaises autochtones qui vivent souvent en ghetto identitaire (entre concitoyens et avec africains francophiles)
3. La stigmatisation en France de l’Afrique et des musulmans (médias, politiques, monde des affaires…), perçue dans des pays africains fervents croyants comme autant de marques d’hostilité aux musulmans et envers tous les croyants…
*Samir Bouzidi est Ethnomarketer & expert international en mobilisation des diasporas africaines. Entrepreneur engagé – fondateur de la startup solidaire “Impact Diaspora”.
Un commentaire
c’est très perspicace…merci pour cette contribution !