Soupçonnée d’avoir manipulé le célèbre rapport Doing Business pour favoriser la Chine lorsqu’elle était à la Banque mondiale, Kristalina Georgieva a obtenu, au soir du lundi 11 octobre, un soutien du conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) dont elle est la directrice générale. La Bulgare de 68 ans sauve ainsi son poste qu’elle occupe depuis 2017, et nie toujours les accusations portées à son encontre.
« Le conseil d’administration a estimé que les informations présentées au cours de son examen n’ont pas démontré de manière concluante que la directrice générale a joué un rôle inapproprié concernant le rapport ‘Doing Business 2018’ lorsqu’elle était directrice générale de la Banque mondiale », indique un communiqué du FMI.
Après examen de l’ensemble des éléments de preuve présentés, poursuit la même source, le directoire réaffirme sa « pleine confiance » dans « le leadership et la capacité » de la directrice générale à « continuer à s’acquitter efficacement de ses fonctions ».
Le conseil d’administration s’était déjà réuni le 21 septembre dernier pour un premier compte-rendu du comité d’éthique sur la question liée au rôle présumé de Kristalina Georgieva dans le rapport cité.
Le 16 septembre dernier, un cabinet d’avocats l’accusait d’avoir manipulé des données pour favoriser la Chine lorsqu’elle était directrice générale de la Banque mondiale. La directrice générale du FMI avait aussitôt réagi aux conclusions de l’enquête indépendante commandée par l’institution internationale.
« Je suis foncièrement en désaccord avec les conclusions et les interprétations de l’Enquête sur les irrégularités dans les données en ce qui concerne mon rôle dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale de 2018. J’ai d’ores et déjà tenu une réunion avec le conseil d’administration du FMI sur ce sujet », avait déclaré la Bulgare dans un communiqué.
L’annonce du soutien du conseil intervient pendant que le FMI et la Banque mondiale entament leurs réunions d’automne. Par ailleurs, deux jours plus tôt, Kristalina Georgieva s’est entretenue avec Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor, sur les « graves problèmes soulevés » par l’enquête qui l’accable, et qui a généré des « préoccupations légitimes », selon un communiqué de la responsable de la banque centrale américaine.
En rappel, 13 ministres africains des Finances et de l’Economie ont également, dans une déclaration publiée du 5 octobre 2021 par Financial Afrik, exprimé leur soutien à la Bulgare. Estimant que le scandale mérite une enquête, mais il ne faut pas pour autant, dans cette exigence, faire table rase du multilatéralisme. Il s’agit des ministres du Bénin, du Botswana, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la République Démocratique du Congo, de Djibouti, d’Egypte, d’Ethiopie, du Ghana, de la Guinée Bissau, de la Mauritanie, du Nigéria, du Sénégal, de la Somalie, du Soudan et du Togo.
Notons qu’en 2020, la Banque mondiale avait annoncé la suspension de la publication du Doing Business qui passait en revue l’environnement des affaires des pays membres en distribuant des bons et de mauvais points aux Etats. En septembre 2021, l’institution a annoncé sa décision d’arrêter définitivement l’édition du rapport pour cause de manipulation de conclusions des éditions 2018 et 2020 sous la pression de certains gouvernements qui voulaient à tout prix enjoliver leur situation.