Suite à son closing récent de 900 millions de dollars, le fonds DPI par la voix de Jade Del Lero Moreau, Directeur Principal DPI, a accordé un entretien exclusif à Financial Afrik.
Le fonds ADP III vient de mobiliser 900 millions de dollars destinés au financement des entreprises innovantes en Afrique. Pouvez-vous revenir sur les caractéristiques de cette opération, les profils et les nations des investisseurs qui y ont participé ?
Nous avons un éventail d’investisseurs très large incluant des fonds de pension, des fonds de souverains, des institutions de développement, des family offices, des fondations ainsi que des fonds de fonds.
En termes de mix géographique, 1/3 provient d’Amérique du Nord, la moitié d’Europe et le reste d’Afrique (avec 10 nouveaux investisseurs) et du Moyen-Orient. Enfin, à peu près la moitié du montant levée provient de nouveaux investisseurs, qui n’ont pas investis dans nos fonds précédents.
Quid de la cible visée par le fonds ADPIII ? Qu’entendez-vous par “entreprise innovante” ? Quelles sont vos fourchettes d’investissement ?
Notre stratégie d’investissement est d’être exposé à l’émergence de la classe moyenne africaine et à la consommation de celle-ci. ADP III investira dans des entreprises bien établies et en pleine expansion opérant dans des secteurs qui profitent de la croissance rapide de la classe moyenne
africaine et de la transformation digitale du continent. Notre ticket moyen se situe entre 40 M$ et 130 M$, mais peut être fortement étendu, jusqu’à 250-300 M$ d’euros via des opérations de co-investissements, comme c’était le cas lors de notre investissement de 250 M$ dans la plateforme pharmaceutique Zanzibar avec nos co-investisseurs CDC et EBRD.
S’agissant d’innovation, la digitalisation constitue l’un des principaux leviers de croissance et d’optimisation pour les sociétés africaines, et avec la crise sanitaire, ce processus de digitalisation
s’est renforcé à pas de géants. ADP III se focalisera sur les entreprises tournées vers l’innovation qui mènent la transformation digitale des écosystèmes dans lesquels elles opèrent. En l’occurrence, notre investissement dans la société fintech Égyptienne MNT-Halan est un bon
exemple de cette stratégie d’accompagnement. DPI a participé à la création de la société MNT, avec un premier investissement en 2018 à travers ADP II, suivi d’un deuxième investissement en
2021 dans le cadre d’ADP III.
Y-a-t-il dans votre démarche, une région, un pays ou un secteur d’activité privilégié ?
Notre stratégie centrale d’investissement se focalise sur l’émergence de la classe moyenne africaine et la consommation de celle-ci. A l’image de nos deux précédents fonds de la famille ADP, nous parions sur la croissance de cette consommation et les secteurs et industries directement liées à celle-ci, incluant des secteurs critiques pour le développement de l’Afrique, tels que l’éducation, la santé ou l’agro-industrie.
Nous sommes un fonds panafricain, sans un focus régional prédéfini, avec comme objectif la construction d’un portefeuille diversifiée d’un point de vue sectoriel et géographique. Que ça soit directement à travers nos fonds, ou indirectement à
travers nos sociétés en portefeuille, nous sommes présents dans toutes les principales économies du continent et dans plus de 50% des pays africain.
Avec des tickets d’investissement plus conséquents du fait de la taille de ADP III, notre stratégie d’investissement reste inchangée avec un focus sur les secteurs qui profitent de la croissance rapide de la classe moyenne africaine et de la transformation digitale du continent.
En quoi la stratégie du Fonds ADP III se compare-t-elle à celle des deux premiers fonds de DPI ?
Comment percevez-vous l’évolution du paysage des levées de fonds en Afrique ? Cette tendance a-t-elle été affectée par le Covid-19 ? La crise sanitaire et son impact sur les économies du continent a surement impactée le paysage des levées de fonds en Afrique. Les conditions n’ont pas été évidentes mais nous sommes ravis
d’avoir atteint et dépassé notre objectif initial de 800M$, avec 900M$ + une enveloppe de co-investissement de 250M$, et surtout du soutien de nos investisseurs existants et nouveaux dans le cadre de cette levée. En excluant l’Asie, il s’agit de l’un des plus grands fonds levés sur les
marchés émergents cette année.
Votre nom revient souvent quand on parle de private equity en Afrique. Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Avec 15 ans d’expérience dans le domaine du conseil financier et du capital investissement, j’ai rejoint DPI en 2014. En tant que senior deal lead au sein de DPI, je suis en charge de l’origination, la structuration et l’exécution des investissements dans la région Afrique du Nord. Je siège aux conseils d’administration de nombreuses sociétés, notamment Biopharm, General Emballage, Dolidol, CMGP et SICAM.
Avant de rejoindre DPI, j’étais Vice-President fusions et acquisitions à la Société Générale. A ce titre, j’ai exercé mes fonctions à Paris, où j’ai couvert les secteurs de l’industrie et des biens de
consommation (2007-2009 et 2012), et à Madrid, où j’ai couvert les marchés ibérique et latino-américain (2010-2011). J’ai démarré ma carrière en 2006 au sein du département Equity Research de Goldman Sachs à Londres.
De nationalité marocaine et française, je suis diplômé de l’ENSTA Paris, ainsi que de l’ESCP et l’INSEAD.
À propos de Jade Del Lero Moreau
Jade Del Lero Moreau a rejoint DPI en 2014 avec 15 ans d’expérience dans le conseil en investissement et en investissements. En
tant que senior deal lead au sein de l’équipe d’investissement, il est chargé du sourcing, de la structuration et de l’exécution des actions de capital-investissement en se concentrant sur la région de l’Afrique du Nord. Jade siège aux conseils d’administration de nombreuses sociétés du portefeuille, notamment Biopharm, General Emballage, Dolidol, CMGP et SICAM. Avant de rejoindre DPI, Jade était vice-président en charge des fusions et acquisitions à la Société Générale. A ce titre, il a exercé ses fonctions à Paris, où il a couvert les secteurs de l’industrie et de la consommation (2007-2009 et 2012), et à Madrid, où il a couvert les marchés ibérique et latino-américain (2010-2011). Précédemment, Jade a démarré sa carrière en 2006 au sein du département Equity Research de Goldman Sachs à Londres,
couvrant le secteur du papier et de l’emballage.
Né et scolarisé au Maroc, Jade a la nationalité marocaine et française.