L’importance des investissements directs étrangers (IDE) est un marqueur de l’attractivité d’un pays et de l’efficacité de sa politique économique. Au Maroc, le stock des IDE évalué au 31 décembre 2020, s’élevait à 644 milliards de DH, soit 66 milliards de dollars. Au-delà l’effet structurant sur l’économie, ces investissements ont, en retour, un coût financier sous forme de transferts en devises. Entre les dividendes, l’assistance technique et diverses redevances, le Maroc a réglé 980 millions de dollars en 2020.
Les investissements directs étrangers (IDE) sont un formidable levier de développement et de structuration de l’économie mais ils ont aussi un coût financier moins apparent qui au final, ne pèse pas lourd dans la balance avantages/inconvénients. Aux dégrèvements d’impôts et de subventions que concède l’Etat, il faut ajouter les transferts permanents en devises à l’étranger qu’ils génèrent. Ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes, mais les dividendes sont la rémunération la plus courante et de loin, la plus importante.
Les bénéfices rapatriés par les actionnaires des entreprises sous contrôle étranger ou des filiales des multinationales relèvent de la rubrique «dépenses de revenus d’investissements directs» dans la nomenclature de l’Office des Changes. En 2020, les dividendes transférés au titre de la rémunération des IDE se sont élevés à 9,7 milliards de dirhams, soit 980 millions de dollars contre 1,4 milliards de dollars l’année précédente. Ce reflux est dû à la contraction de l’activité économique consécutive à la crise de la pandémie du Covid-19, mais aussi à l’instruction faite aux banques par la Banque centrale marocaine (Bank Al Maghrib) de s’abstenir de toute distribution de dividendes afin de préserver leur solvabilité. Traditionnellement, les filiales des banques françaises au Maroc rapatrient l’intégralité des dividendes dus à leurs maisons-mère. Ces dividendes des banques à capitaux étrangers gelés sur décision de la Banque centrale se retrouvent dans le compte «Report à nouveau» et peuvent être transférés à tout moment sans obstacle.
A part les banques, les autres plus gros émetteurs de transferts de dividendes à l’étranger sont les sociétés de gestion déléguée des services publics locaux de distribution de l’eau et de l’électricité – Lydec dans la région de Casablanca et Veolia à Rabat et Tanger-Tétouan- et Maroc Telecom. En matière de dividendes, la politique du groupe émirati Etisalat, actionnaire de référence de Maroc Telecom, est de remonter la totalité de ses dividendes à son siège à Abu Dhabi. Comptez en moyenne entre 350 à 430 millions de dollars par an. L’opérateur des télécoms marocain est une véritable vache à lait pour son actionnaire de référence.
Mais le coût financier des IDE, ce ne sont pas que des dividendes. A la rémunération des actionnaires, il faut ajouter toute une galaxie de frais directs et indirects, et in fine, les retraits (cessions des participations) dont les transferts sont autorisés sur preuves documentaires des virements à l’entrée. Dans ce chapitre on citera diverses redevances et une ribambelle de rémunérations au titre de droits de licence, de brevets, de participation aux frais de siège, de marketing, de développement de nouveaux produits, des systèmes d’information, d’assistance technique, etc. Cette dernière rubrique (assistance technique) peut prendre plusieurs formes, entre autres, le détachement des cadres des groupes auprès de leurs filiales implantées au Maroc. Elle est particulièrement surveillée par l’administration fiscale et l’Office des Changes car les entreprises auraient tendance à la considérer comme un fourre-tout. Ces dépenses sont d’ailleurs un des générateurs de contentieux avec le fisc et l’Office des Changes.
La France, l’Espagne et les EAU détiennent 60% des investissements étrangers au Maroc
Selon les données de l’Office des Changes, le stock des investissements directs étrangers au Maroc s’établissait à 644,2 milliards de dirhams à fin 2020, soit 65 milliards de dollars, en hausse de 0,9% par rapport à l’année précédente. Les titres de participation et parts de fonds communs de placement constituent 89,9% du stock total des investissements directs étrangers au Maroc. De leur côté, les instruments de dette s’élèvent à 65,1 milliards de DH représentant de 10,1% du stock des IDE en 2020.
Par pays, la France maintient sa place du 1er investisseur au Maroc en 2019 avec une part de 31% et un encours de 196,2 milliards de DH (20 milliards de dollars). Le stock des investissements en provenance des Emirats Arabes Unis, 2ème investisseur au Maroc, s’établit à 134,8 milliards (14 milliards de dollars) avec une part de 21,1%. L’Espagne se place à la 3ème position avec un encours de 52,5 milliards de dirhams ( 5,6 milliards de dollars) et une part de 8,2%. Ces trois pays, à eux seuls, détiennent 60,1% de l’encours total des IDE dans le Royaume, souligne l’Office des Changes.