Le 25 octobre 2021 marque une étape décisive pour le Nigeria dans la vulgarisation des paiements électroniques avec le lancement du e-naira, la version numérique de sa monnaie. Une phase importante pour la promotion de l’inclusion financière et bancaire aux multiples défis entre autres, la facilitation des transferts vers l’étranger, le soutien à la monnaie locale qui fait face à une dépréciation constante, mais aussi et peut-être davantage combattre l’influence grandissante des cryptomonnaies à l’instar du bitcoin dont le contrôle reste difficile.
Au-delà d’une innovation monétaire et financière, la cérémonie de lancement de la monnaie virtuelle sous les auspices du président de la République, Muhammadu Buhari, ont expliqué les autorités, démontre tout l’intérêt que représente cette mutation financière devant conforter le Nigeria au peloton de tête des plus puissantes économies du continent.
Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 200 millions de consommateurs, le Nigeria est la première économie du continent avec un produit intérieur brut (PIB) de 432,3 milliards de dollars en 2020 pour un taux de variation annuelle de 2,5 %, rapporte la Banque mondiale. Une croissance annuelle certes atténuée par la crise sanitaire liée au coronavirus qui l’a fait chuter à -1,8% en 2020. Malgré cet impact négatif sur l’outil de production, le pays se positionne déjà pour la reprise économique post-Covid avec un taux de croissance projetée de 1,5 % en 2021 et 2,9 % en 2022 sur la base d’une reprise attendue des prix et de la production de pétrole brut dont il est l’un des principaux producteurs et exportateurs du continent.
Situant le contexte économique qui procède au lancement de la monnaie virtuelle, le gouvernement nigérian a indiqué que la nouvelle monnaie numérique favorise « un paiement simple, gratuit et sûr, sous contrôle de la Banque centrale » et facilitera les paiements pour des personnes n’ayant pas accès aux systèmes bancaires traditionnels. En plus de lutter contre une omniprésence inquiétante des cryptomonnaies, le lancement de cette monnaie devrait apporter un coup de pouce au naira en butte à une dépréciation des cours. Toutefois, au regard des particularités économiques du système monétaire international et de la spécificité de l’environnement monétaire au Nigeria, difficile de prédire si l’inclusion recherchée atteindra des objectifs escomptés. Cela semble d’autant complexe pour le Nigeria qui, après les Etats-Unis et la Russie, devient le troisième pays au monde à adopter la monnaie virtuelle.
En attendant de faire une évaluation au cours des prochains mois, ce géant d’Afrique a déjà le mérite de s’inscrire dans la cour des grands, de montrer la voie pour l’innovation financière en Afrique, démontrant par-là une Afrique qui ose et dont seules des initiatives audacieuses lui permettront de s’inscrire pour une croissance dans la durée, passage obligé vers son émergence.