«Un nouveau paradigme doit prendre place pour tendre vers les cibles des ODD»
Au Sénégal, l’accès universel à un assainissement de qualité représente un défi majeur. En milieu urbain, milieu urbain, l’assainissement autonome demeure le système le plus répandu de gestion des excrétas. En effet, plus de 70% de la population a recours à ce système. Malgré les efforts des autorités pour doter les populations d’un système d’assainissement collectif, le taux d’accès à ces ouvrages demeure faible en raison de son coût d’investissement et d’entretien élevé.
Avec l’accroissement démographique et l’urbanisation croissante liée en partie à l’exode rural, la satisfaction de la demande d’accès à des ouvrages d’assainissement répondant aux exigences des ODD devient de plus en plus difficile. Ainsi se pose la question : Comment permettre au Sénégal d’atteindre la cible 6.2 des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici 2030 ? Cette cible consiste en «d’ici à 2030, assurer l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et sécurisés en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en situation vulnérable».
Pour les opérateurs et les acteurs du secteur, dans les pays en développement le fait d’investir dans l’assainissement autonome avec des ouvrages appropriés et sécurisés pour les populations impactera plus rapidement l’atteinte des un assainissement de qualité ODD. Ainsi, seule une articulation de ces objectifs avec des ouvrages d’assainissement autonome appropriés prenant à la fois excrétas et les eaux ménagères et sécurisés est à même de réunir à la fois les avantages d’un meilleur rapport investissement/ impact.
Par conséquent, un nouveau paradigme doit prendre place pour tendre vers les cibles des ODD. «L’accès à l’assainissement constitue une priorité pour le Président de la République du Sénégal, notamment à travers le Plan d’Actions Prioritaires Ajusté et Accéléré (PAP2A) du Plan Sénégal Émergent (PSE). Ainsi, ces dernières années, des progrès considérables ont été enregistrés au niveau national; le taux d’accès à l’assainissement en milieu urbain est passé de 61,7% en 2013 à 74% en 2020 et en milieu rural, de 38,7% à 50,7% sur la même période», explique Dr Ababakar Mbaye, Directeur Général de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS). Dans le but d’atteindre les objectifs nationaux et pour une meilleure organisation de la filière des boues de vidange, l’ONAS a mis en place, en 2011, avec l’appui financier de la Fondation Bill et Melinda Gates, un Programme pilote de Structuration du Marché des Boues de Vidange (PSMBV). Ce programme visait à améliorer l’accès des populations des zones périurbaines de la région de Dakar et en particulier aux ménages démunis de Pikine et Guédiawaye à des services d’assainissement à un coût financièrement abordable. Sur la base des résultats du programme pilote, le gouvernement du Sénégal a sollicité et obtenu le concours technique et financier de la Fondation Bill et Melinda Gates pour la mise à l’échelle du PSMBV dans les 14 régions du Sénégal avec la promotion des technologies innovantes et l’implication du secteur privé, pour un service de qualité et accessible dans une démarche de partenariat public-privé.
En outre, pour mobiliser les acteurs autour des objectifs communs, le Sénégal a mis en place en 2020 un cadre de concertation national sur l’assainissement : «ce cadre permet une meilleure régulation et coordination des acteurs évoluant dans le sous-secteur de l’assainissement. Nous avons créé ce cadre dans le but de favoriser une approche multisectorielle, ainsi qu’une mutualisation des efforts et des ressources. Partant du constat où l’on observe plusieurs groupes d’acteurs dans le secteur, tels que les partenaires au développement, les organisations de la société civile, le secteur privé et les instituts de recherche, il était essentiel que le Ministère de l’Eau et de l’Assainissement, à travers la Direction de l’Assainissement, mette en place une structure dédiée à la gestion de ces acteurs», explique le Directeur Général de l’ONAS.
Cet entretien est paru dans un dossier spécial réalisé avec Speak Up Africa.
A retrouver également dans ce dossier :
-L’éditorial de Monsieur Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l’Eau et de l’Assainissement du Sénégal.
La Webdoc du dossier