L’assignation à résidence du premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a été levée, dimanche 21 novembre, quasiment un mois après le putsch du 25 octobre. Celui qui est devenu le symbole de la résistance aux militaires doit retrouver ses fonctions après un accord conclu avec le général Abdel Fattah al-Burhane. Les soudanais ont marché par milliers dans la rue dénonçant un accord aux contours encore secrets. Le premier ministre a promis de « faire cesser avant toute chose l’effusion de sang au Soudan ». « Cet accord ouvre la porte en grand à la résolution de tous les défis de la transition », a-t-il encore dit. Le général Burhane, lui, l’a « remercié pour sa patience ».
Agé de 65 ans, Abdallah Hamdok joue son avenir politique dans ce partenariat contesté alors que le bilan des répressions depuis octobre s’élève à 41 morts fauchés par balles. Arrivé au pouvoir en 2019 à la chute du président Omar el-Béchir balayé par la révolte populaire, l’ancien fonctionnaire onusien était déjà dans une sorte de cohabitation où il conduisait le gouvernement civil alors que le Conseil de Souveraineté, plus haute autorité de transition, était aux mains du général Abdel Fattah al-Burhane, cible des manifestants au cri de « Burhane dégage ».
A préciser que les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc pro-civils au Soudan, ont d’emblée rejeté l’accord. « Nous réaffirmons clairement qu’il n’y a pas de négociation, ni de partenariat » avec « les putschistes », ont-elles affirmé, appelant à traduire les généraux en justice pour leur répression sanglante des manifestations.
Le premier ministre arrivera-t-il à contenir l’influence débordante des militaires ? L’ancien étudiant de l’économie agricole à Khartoum devra user de beaucoup de stratégie pour éviter de se transformer en un jouet aux mains des militaires. Si on lui doit la victoire contre l’inflation qui atteignait 300% et le retrait de son pays de la liste américaine des pays soutenant le « terrorisme », il lui reste maintenant à gagner une autre bataille, celle de la démocratie face à des képis peu pressés de regagner les casernes.