Après les précédents échecs, cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Toujours est-il que le 24 décembre prochain, les Libyens sont conviés pour écrire une nouvelle page de leur histoire à l’occasion de l’élection présidentielle censée ramener la paix et la stabilité dans le pays. Dix ans après le renversement et l’assassinat du guide de la Jamahiriya libyenne le colonel Mouammar Kadhafi par des forces de la coalition internationale menées par les Etats-Unis et la France, la Libye est devenue un conglomérat de territoires à la tête desquels se trouvent des dirigeants « autonomes » essentiellement constitués de chefs de guerre.
Au soir du 21 novembre 2021, date limite du dépôt des candidatures, et au regard du profil des candidats déclarés, tout laisse croire que l’on est bien parti pour un scrutin ouvert et disputé où il serait difficile d’envisager la personne qui l’emporterait. Sur la ligne de départ, les principaux protagonistes des factions rivales de la crise libyenne. Entre autres, le Premier ministre par intérim Abdelhamid Dbeibah, Saif al-Islam Kadhafi, le fils de l’ancien dirigeant, l’ex-maréchal Khalifa Haftar, le chef du parlement Aguila Saleh ainsi que Fatih Benchaga, ex-ministre de l’Intérieur.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la commission électorale qui doit se prononcer sur la validation des candidatures a du pain sur la planche, si tant que toute invalidation de candidatures des principaux protagonistes qu’elle soit suffisamment motivée ou pas risque de provoquer un embrasement et annihiler tout espoir de voir la Libye se relever et recoller ses morceaux. S’il est vrai que les affrontements ont cessé depuis un an, date d’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les tensions existent toujours au point d’être ravivées au fur et à mesure que l’on se rapproche de la date des élections. Une frilosité qui dénote du manque de confiance entre différentes factions, les uns et les autres se suspectent et craignent d’être « annexés » au cas où le camp d’en face parviendrait au pouvoir.
C’est dire la sensibilité de toute décision sur la modification ou non de la loi électorale que viendrait à prendre la commission électorale. Par ailleurs, en cas de validation de toutes candidatures, demeurent d’autres inconnus, notamment le déroulement effectif du scrutin, et surtout la publication des résultats qui désignera le futur président de la République auquel tout le monde se reconnaîtra. Voilà qui rend incertaine l’issue de ce processus électoral dont l’adoubement du vainqueur par les autres prétendants sera un grand pas pour un retour à la paix, alors que l’absence d’un minimum de consensus pourrait carrément provoquer l’anéantissement de l’Etat. Un contexte particulier s’il en est qui constitue également un test pour la communauté internationale.