Les échanges économiques et commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria ont connu une chute vertigineuse au cours des cinq dernières années, principalement à cause de l’insécurité persistante entre les deux pays qui partagent une frontière maritime et terrestre de plus de 1500 km. Une triple conjonction due aux attaques de la secte terroriste Boko Haram dans la région de l’Extrême-nord, des velléités sécessionnistes dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest ainsi que des relents séparatistes dans la région du Delta au Nigéria qui couvre le Biafra.
Le volume des échanges commerciaux qui se situait en moyenne à 16 milliards de FCFA (28 millions de dollars) par an en 2015 est passé à 3 milliards de FCFA (5 milliards de dollars) en 2019, soit une baisse de plus 80%. Selon le gouvernement camerounais, « ces baisses s’observent aussi bien pour les exportations -68,9% que pour les importations -85% ». Pourtant au regard des potentialités économiques des deux pays, certaines études dont celles de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) rapportent que n’eut été la fraude, la corruption et les trafics de toutes sortes, les échanges économiques et commerciaux Camerouno-Nigéria pourraient générer annuellement plus de 50 milliards de FCFA, soit plus de 86 millions de dollars.
Par ailleurs, en plus de cette dégringolade sur le volume des échanges, l’on note des changements sur la nature des produits échangés . Par exemple, « les importations étaient dominées avant 2016 par les véhicules, les pièces détachées et accessoires pour véhicules, les appareils électroménagers, la vaisselle et autres articles ménagers. Depuis 2019, il y a eu une baisse importante de ces produits et l’émergence de nouveaux tels que la bière de malt, les produits de beauté et les serviettes et tampons hygiéniques ».
Le géant ouest-africain importe du Cameroun essentiellement des produits vivriers, dont le pays est l’un des plus grands fournisseurs. Toutefois, le Cameroun compte densifier son offre, notamment à travers la mise en œuvre du projet d’interconnexion électrique dont le Nigeria en est grand consommateur ; ce qui permettrait au Cameroun d’alimenter son voisin en apportant des réajustements sur une balance commerciale jusque-là largement excédentaire à plus de 70 % au Nigeria.
D’après des sources, avant l’enlisement de la crise sécuritaire, le Nigeria était le premier partenaire économique et commercial du Cameroun représentant lui seul près de 43% des importations camerounaises en Afrique centrale et de l’Ouest.
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