Depuis un peu plus de deux semaines, le président Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso fait face à une vague de manifestations qui réclament son départ. Motif, la situation sécuritaire devenue inquiétante dans le pays.
Samedi 27 novembre. Des milliers de manifestants marchent pour protester contre la faillite sécuritaire au Burkina Faso. Cette manifestation a occasionné des heurts qui ont opposé les manifestants réclamant le départ du président Roch Marc Christian Kaboré, aux forces de l’ordre, dans le centre de Ouagadougou.
« Roch, dégage ! », « Libérez Kosyam », « Trop c’est trop ! », c’est avec ces mots d’ordre que l’appel a été formulé à l’endroit du chef de l’Etat. Un chef d’Etat « incapable », estiment-ils, d’endiguer le cycle des violences djihadistes, qui a fait plus de 2.000 morts en six ans au Burkina Faso.
Ces manifestations ont lieu quelques jours après l’attaque du 14 novembre contre les forces de défense et de sécurité dans le nord. A cette date, le pays a enregistré la pire attaque contre son armée, ce qui a fait pas moins de 57 victimes, dont 53 gendarmes dans le nord du pays.
Mais la fièvre pour le départ du président Kaboré a repris le 19 novembre, lorsqu’un groupe de manifestants a bloqué un convoi militaire français de passage dans la ville de Kaya. Ce, dans un contexte déjà marqué par un sentiment de rejet de forces françaises dans le Sahel. D’ailleurs, ce samedi, des manifestants ont scandé des slogans contre la présence française dans la région. Tandis que l’ambassade de France dans le pays a recommandé, à ses ressortissants, « un confinement de précaution jusqu’à nouvel ordre ».
Coupures d’internet
Dans la foulée, internet mobile avait été suspendu pendant 96 heures sur toute l’étendue du territoire pour « obligations de défense nationale ». C’est en tout cas le motif avancé par le ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement, dans une note publiée le 24 novembre.
« Les coupures d’internet, quelles qu’elles soient, violent la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP). Elles constituent une atteinte grave à la liberté d’expression et à la démocratie. Elles visent aussi à restreindre la liberté d’expression, l’accès à l’information et le droit de réunion pacifique, d’exercer une activité génératrice de revenus entre autres droits garantis par les Institutions nationales, régionales et internationales », avait commenté la Ligue Africaine des Blogueurs et Web activistes pour la Démocratie (AfricTivistes) dans une note.
Selon la même source, la note du ministère de la Communication et des relations avec le Parlement n’explique pas en quoi la suspension de l’internet mobile et pas de l’internet fixe répond aux exigences de défense nationale et de sécurité publique. Et de condamner « fermement la posture des autorités burkinabé », et demander à celles-ci de « faire la lumière sur la situation ».