Dieu Dollar veille sur l’Afrique face au Yuan. Le Naira perd pied, le Cédi sous le boisseau, le Rand sous pression, la Livre égyptienne au vert, le Shilling kenyan malmené, l’ougandais fort de café, le Tanzanien s’enchaîne aux obligations.
Dans cette chronique hebdomadaire sur les devises africaines, les experts de l’AZA, le plus important courtier non bancaire en devises en Afrique, avec un volume de transactions de plus de 1 milliard de dollars par an, analysent l’évolution des fluctuations monétaires sur le continent.
Les États-Unis cherchent à renouveler leur influence économique en Afrique
Les États-Unis se sont engagés à reconstruire leurs relations avec l’Afrique en contrant de la présence croissante de la Chine sur le continent. S’exprimant à la fin de la semaine dernière au Nigeria, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis voulaient construire un partenariat plus solide avec les pays africains, en traitant les pays comme des égaux plutôt que comme des « partenaires juniors ». Le président Joe Biden prévoit également d’accueillir un sommet États-Unis-Afrique pour renforcer les relations. Bien que les détails de ce sommet soient flous , nous nous attendons à un resserrement des liens de l’Afrique avec les États-Unis pour élargir l’accès au capital afin de stimuler la croissance et d’améliorer les perspectives commerciales bilatérales. Michael Nderitu Chief Risk Officer, AZA.
Le Naira a chute, ramené à 560 unités contre un dollar
La récente appréciation du Naira sur le marché non officiel a pris fin brusquement cette semaine, alors que la devise est retombée à 560 contre 550 à la fin de la semaine dernière, au milieu d’une demande renouvelée pour le billet vert. Les acteurs du marché estiment que cela était dû au fait que les acheteurs en dollars profitaient du Naira précédemment plus fort. La banque centrale du Nigeria a voté cette semaine pour maintenir son taux d’intérêt à 11,5% pour le 14e mois consécutif. Le gouverneur Godwin Emefielesaid a indiqué que les décisions antérieures de maintenir le taux stable avaient contribué à la reprise de l’économie et souligné la nécessité de maintenir le cap actuel. Compte tenu des interventions soutenues de la banque centrale sur le marché officiel, nous nous attendons à ce que la barre des 560 nairas contre un dollar présente une résistance suffisante jusqu’à ce que la demande recommence à diminuer.
La première hausse du taux en six ans ne parvient pas à stabiliser le Cedi
Le Cedi s’est affaibli par rapport au dollar cette semaine, passant de 6,126 à la fin de la semaine dernière, alors que l’inflation a bondi à 11 % en octobre, un sommet de 15 mois. La Banque du Ghana a est parvenu à éviter une baisse plus prononcée du Cedi en relevant de façon inattendue son taux d’intérêt de référence pour la première fois en six ans, le faisant passer de 100 bpm à 14,5 %, dans le but de rendre les investissements plus attrayants et d’éponger les fonds excédentaires en circulation. Nous nous attendons à une nouvelle pression sur le Cedi dans les prochaines semaines avant que la politique monétaire plus stricte de la banque centrale ne se répercute sur l’économie.
Les conseils de la Fed gardent le Rand sur pied
Le Rand s’est affaibli par rapport au dollar cette semaine, passant de 15,74 à la fin de la semaine dernière à 15,84, alors que le sentiment pour le risque mondial a faibli et que les investisseurs se sont rués vers des actifs plus sûrs après que la Réserve fédérale américaine a déclaré qu’elle pourrait relever les taux plutôt que prévu pour refroidir l’inflation. La décision de la South African Reserve Bank de relever son principal taux d’intérêt de 25bpm à 3,75 % la semaine dernière n’a guère apporté de répit, conformément aux attentes du marché. Il a également indiqué que tout nouveau resserrement serait graduel. « Nous prévoyons une pression soutenue sur le Rand dans les prochains jours alors que la Fed craint une hausse persistante.».
Les fonds verts et les ODD maintiennent la livre égyptienne
La livre égyptienne est restée inchangée par rapport au dollar, se négociant à 15,68/15,76. L’Egypte s’attend à recevoir un prêt syndiqué de 3 milliards de dollars, qui a été arrangé par Emirates NBD et First Abu Dhabi Bank pour aider à financer des projets verts durables dans le pays. Cette semaine, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures a approuvé un financement de 360 millions de dollars pour aider l’Égypte à atteindre ses objectifs de développement durable et à se remettre de la pandémie de COVID-19. Nous nous attendons à une livre stable au cours de la semaine à venir, soutenue par les entrées d’investisseurs.
Pas de répit pour le Shilling kenyan
Le Shilling a chuté à un nouveau creux par rapport au dollar cette semaine, se négociant à 112,50/113,20 par rapport à 111,90/112,10 à la clôture de la semaine dernière en raison de l’augmentation des activités d’importation des secteurs de la fabrication et des biens généraux, qui ont surpassé les entrées de devises. Les réserves de change du pays ont chuté de 221 millions de dollars pour s’établir à 8,9 milliards de dollars alors que la banque centrale tentait d’éviter une baisse plus marquée. Nous nous attendons à ce que le shilling reste sous pression au cours de la semaine à venir.
Les exportations de café renforcent le Shilling ougandais
Le Shilling s’est renforcé contre le billet vert cette semaine, passant de 3570/3580 à 3565/3575 à la fin de la semaine dernière, l’offre en dollars ayant dépassé la demande des entreprises. Le ministre ougandais du Commerce, Francis Mwebesa, a rencontré cette semaine la chef de la coopération de l’UE, Caroline Adriaensen, pour discuter de la construction d’un secteur industriel durable et compétitif afin de stimuler la croissance économique dans le pays d’Afrique de l’Est. Nous nous attendons à ce que le shilling demeure stable cette semaine grâce au soutien des exportations agricoles, notamment le café, dont les ventes ont atteint un sommet record en août.
La Tanzanie rouvre les obligations à 20 ans
Le Shilling est resté inchangé par rapport au dollar, se négociant à 2294/2310. Cette semaine, la Banque de Tanzanie a rouvert ses obligations d’État à 20 ans dans le but d’accroître la liquidité du marché et de réduire ses coûts d’emprunt. Une réunion entre l’envoyé commercial du Royaume-Uni en Tanzanie, John Woodcock, et le PDG du East African Business Council, John Bosco Kalisa, a souligné les efforts déployés par la Tanzanie pour lever les barrières commerciales, et Woodcock a laissé entendre qu’un certain nombre d’entreprises britanniques sont intéressées à investir dans le pays. Nous nous attendons à ce que le Shilling soit stable dans les prochains jours, car la demande en dollars des secteurs manufacturier et énergétique sera compensée par les entrées d’investisseurs et les exportations agricoles. Terry Karanja, Treasury Associate, AZA