Le réflexe grégaire du repli sur soi semble avoir pris le dessus sur la science. Bien avant que la dangerosité du variant Omicron du virus Sars-Cov-2 découvert il y a moins d’une semaine en Afrique du Sud, ne soit formellement établie, les politiques semblent avoir cédé à la panique, ignorant la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de ne surtout pas fermer les frontières et de faire confiance à la science.
L’OMS a déclaré vendredi dans un communiqué que la nouvelle variante de Covid-19, B.1.1.529, présentait un grand nombre de mutations, dont certaines sont préoccupantes. Pour sa part, Dr Angelique Coetzee, présidente de l’Association médicale sud-africaine, qui a mis en évidence le nouveau variant, a déclaré à la BBC que jusque-là les patients infectés par le nouveau variant Omicron présentent des symptômes très légers.
“Ce que nous voyons maintenant en Afrique du Sud, et rappelez-vous que je suis à l’épicentre, est extrêmement doux », déclare-t-elle.
En clair, l’on ferme les frontières selon le principe de précaution. Le risque de l’effet boomerang est réel. Ainsi, après la Grande Bretagne qui a imposé un “travel ban” aux pays de l’Afrique Australe, l’Europe qui propose une rupture des liaisons aériennes avec 7 pays de l’Afrique Australe, l’Amérique en a fait de même, interdisant depuis ce lundi
toute liaison aérienne avec l’Afrique du Sud, le Botswana, le Malawi, la Namibie, le Zimbabwe, l’Eswatini, le Lesotho.
D’autres pays envisagent de couper les ponts avec l’Afrique du Sud et ses voisins.
Les Seychelles l’ ont déjà décidé alors que le Maroc et Israël ont fermé leurs frontières, le Japon interdisant son territoire aux étrangers, le Canada, l’Australie et les Philippines surfant sur la même vague alors que l’Inde, moins excessive, annonce un test systématique pour les passagers en provenance de l’Afrique Australe.
L’Union Européenne a adopté un protocole divisant les pays en rouge, orange vert, des plus critiques aux plus sûrs. Bien évidemment, l’Afrique du Sud et ses voisins immédiats sont dans le rouge.
A notre sens, la découverte de ce variant dans cette partie australe du continent est la conséquence de l’inégalité vaccinale, de l’égoïsme des pays développés et de la logique mortifère des Big Pharma qui ont défendu leurs brevets et droits de propriété sur leurs vaccins.
Pour sûr, entre pays sous développés ou sous vaccinés et pays vaccinés où la troisième dose est en phase de déploiement, ce ne seront pas les mesures administratives qui freineront le virus. Des cas du nouveau variant ont été détectés en Allemagne, en Italie et aux Pays -Bas comme pour rappeler à l’humanité mondialisée son indivisibilité et la vanité de ses frontières politiques. Sans actions concertées à l’échelle mondiale, ce sera encore rebelote lors de la prochaine saison. Comme l’a si bien dit le président sud-africain Cyril Ramaphosa, “vaccinez-nous, ne nous discriminez pas”. Si plus de 65% des européens sont vaccinés, seuls 1 à 3% des africains le sont. Plutôt que de réparer cette fracture, la vague de fermetures des frontières risque de l’aggraver et, partant, de mettre des peuples à genoux. Forcément discriminés à cause de leurs moyens limités et de leurs politiques publiques inefficaces, les pays africains doivent resserrer les liens pour une solidarité agissante autour d’une initiative vaccinale réelle et et non de celle des slogans. À propos, où est donc passé le programme vaccinal annoncé à cor et à cri par l’Union Africaine?