L’enquête conduite au sein du Shelter Afrique par le cabinet PKF et dont Financial Afrik avait fait écho dans un article du 10 novembre 2021 a confirmé les allégations faites par le lanceur d’alerte dans son rapport remis au conseil d’administration en juin 2021.
Le rapport a relevé des paiements frauduleux et non-autorisés d’environ 5 millions de dollars et l’absence de contrôles internes efficaces. À la parution de l’article, la dynamique suivie au sein de l’institution s’apparente plus à une chasse des sources qu’à une évaluation précise des failles de gouvernance relevées dans le rapport PKF.
Ledit rapport avait formulé plusieurs recommandations, notamment celle d’émettre des blâmes à l’endroit de trois personnes clés au sein de l’institution, à savoir, le directeur-général Andrew Chimphondah (photo), le directeur financier ainsi que le chef du département risques d’entreprise. Où en est-on aujourd’hui ?
Les allégations du lanceur d’alerte portaient principalement sur des présomptions de détournement de fonds, de mauvaise gestion, de népotisme et de corruption. Il est important de rappeler que les montants en jeu dans ces différentes affaires, estimés à hauteur de près de 5 millions de dollars US, et confirmés par l’enquête PKF, correspondent aux apports en capital combinés des 7 pays suivants au titre de l’exercice 2021 : Swaziland, Rwanda, Togo, Mali, Ouganda, Côte d’Ivoire et Cameroun dont certains ont de représentants au conseil d’administration (Togo, Mali et Cameroun qui assure également la présidence du Bureau de l’Assemblée Générale) .
Dysfonctionnements
Les dysfonctionnements de Shelter sont le résultat des problèmes de gouvernance. L’institution opère depuis 2 ans sans organigramme approuvé et reconnu et sans description des postes à jour. Durant cette période, la constitution de différents comités au sein de la direction et la confusion des rôles et responsabilités tels que ceux du responsable de la gestion des risques d’entreprise relevé dans le rapport PKF, ont fortement perturbé les opérations de l’institution avec pour conséquence le démantèlement de toute la ligne de défense en matière de conformité au niveau de la direction et même du conseil d’administration.
Violation de la politique de lanceur d’Alerte
En choisissant de lever l’anonymat du lanceur d’alerte, en lui imposant des sanctions et en le poussant vers la porte, le conseil d’administration et le directeur-général ont violé la règle cardinale de la politique de lanceur d’alerte. Il en découle comme résultat que l’une des lignes de défense institutionnelle s’est effondrée. Le message est clair en direction du personnel: se taire ou partir.
Maintenant qu’un nombre élevé de manquements graves ont été confirmés par l’enquête de PKF, que faut-il faire ? Étouffer le scandale comme du temps de l’Afrique de Papa, sanctionner tous ceux qui s’insurgent contre la mal gouvernance ou agir pour l’intérêt général de l’Afrique ?
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