C’est une semaine décisive qui s’est ouverte ce lundi 6 décembre pour Joël Aïvo et Reckya Madougou, deux opposants béninois arrêtés depuis avril dernier. Le premier, célèbre constitutionnaliste, vient d’être situé sur son sort, tandis que la seconde attend l’audience de son procès vendredi prochain.
En effet, le célèbre constitutionnaliste a été reconnu coupable de blanchiment de capitaux et de complot contre l’autorité de l’Etat par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), une juridiction spéciale créée en 2018 et considérée par ses détracteurs comme un instrument de musellement de l’opposition. Il écope, ainsi que deux de ses co-accusés (Boni Saré Issiakou et Ibrahim Bachabi Moudjaïdou, des militaires qu’il dit ne pas connaître), de dix ans de prison tandis que son comptable, Alain Gnonlonfoun, également accusé pour les mêmes faits, a été acquitté.
Par ailleurs, Joël Aïvo est condamné à verser une amende de 45 millions francs CFA, contre 5,7 millions pour ses camarades. Le verdict a été rendu tôt ce mardi à Porto Novo, peu avant 3 heures du matin, après une longue journée d’audition. Audition pendant laquelle l’opposant s’est dit persuadé de payer ses convictions démocratiques.
« Il ne revient pas à la justice criminelle d’arbitrer les adversités politiques. Seule la démocratie est éternelle. On peut en sortir, mais croyez-moi, on y revient toujours (…) », a-t-il déclaré à la barre. Et de s’interroger : « aujourd’hui c’est moi, à qui le tour demain ? »
Aux arrêts depuis le 15 avril 2021, Joël Aïvo avait vu sa candidature à la présidentielle d’avril dernier rejetée par la Commission électorale nationale autonome (Cena). Il avait été arrêté peu après l’incarcération de l’opposante Reckya Madougou, accusée pour « financement du terrorisme » et d’avoir tenté de déstabiliser le processus électoral ayant conduit à la réélection du président Patrice Talon.