Les pays africains devraient mener des réformes économiques cruciales et de gouvernance pour permettre au continent de sortir de la crise historique provoquée par la pandémie de Covid-19, ont estimé, le 4 décembre dernier, des experts participant à la Conférence économique africaine 2021.
Chercheurs, spécialistes du développement et responsables politiques, réunis à la fois à Sal, au Cabo Verde, et en visioconférence, ont présenté leurs travaux de recherche sur les grands défis de l’Afrique : une dette croissante et la pandémie de Covid-19.
« Les prochaines années seront déterminantes pour notre continent, a déclaré le vice-Premier ministre et ministre des Finances du Cabo Verde, Olavo Correia, lors de la cérémonie de clôture de la conférence. Avec ses richesses et ses capacités, les populations africaines ne devraient pas vivre dans une telle pauvreté. Nous devons prendre les bonnes décisions pour lutter contre l’extrême pauvreté. »
Les chercheurs ont identifié trois domaines essentiels nécessitant une attention particulière : le capital humain, les institutions et les infrastructures. Ils ont souligné le rôle déterminant du secteur privé dans le développement du continent à travers les résultats de leurs dernières études sur les systèmes financiers du continent. Ils ont insisté sur la nécessité d’engager des réformes et sur une plus grande intégration monétaire et des marchés de capitaux.
La Conférence s’est tenue sur le thème : « Financement du développement de l’Afrique post-Covid-19 ». Le président du Cabo Verde, José Maria Neves, a lancé un appel pressant en faveur de l’accès universel aux vaccins, surtout après la découverte du nouveau variant Omicron.
« Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, a constaté Éric Ogunleye, conseiller de l’économiste en chef de la Banque africaine de développement. Il est urgent de combler l’énorme déficit de financement afin que la reconstruction post-Covid-19 soit plus ambitieuse, plus grande, meilleure et durable ».
Selon les économistes qui se sont exprimés à la clôture de la conférence, de nombreux pays africains risquent de connaître des défauts de paiement si l’initiative de suspension du service de la dette du G20 n’est pas prorogée cette année. Le risque majeur est que les pays ne puissent emprunter et rembourser leurs dettes avec un ratio d’endettement de 70 à 75 %, a alerté Falilou Fall, responsable adjoint de la Division des études nationales à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Pour Bartholomew Armah, directeur de la Division macroéconomique et gouvernance de la Commission économique pour l’Afrique, il faudrait de nouvelles stratégies de financement de la relance en Afrique du fait de la pandémie, y compris au niveau des ressources nationales, et une refonte du système de financement mondial. « Nous devons redéfinir la cible des ressources financières » issues des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international, a-t-il souligné.
Pour certains experts, l’autre solution réside dans la ressource la plus précieuse de l’Afrique : sa jeunesse. Pour Ahunna Eziakonwa, administratrice assistante et directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations unies pour le développement, il est important d’investir dans la nouvelle génération, qui connaît la croissance démographique la plus rapide en Afrique.
« Nous devons surfer sur la confiance des jeunes, a-t-elle suggéré. La capacité de l’Afrique à sortir de la pauvreté et des inégalités repose sur la jeunesse. L’Afrique devrait imaginer un avenir où les ressources nationales représenteraient la majorité des investissements de développement. Cela nécessiterait une action urgente et coordonnée pour mettre fin aux 90 milliards de dollars de flux financiers illicites qui quittent le continent chaque année. »
La Conférence économique africaine 2021 était organisée par la Banque africaine de développement, la Commission économique pour l’Afrique et le Programme des Nations unies pour le développement. Plusieurs hauts responsables ont pris part à cette conférence, parmi lesquels la secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed, le ministre nigérian des Finances, du Budget et de la Planification nationale, Zainab Ahmad, le ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Nicolas Kazadi, et le prix Nobel d’économie 2007, Roger Myerson.